Forêts de France consacre son dossier de novembre 2020 à la région Nouvelle-Aquitaine, une terre de diversité marquée par le travail du sylviculteur. La revue présente des acteurs engagés dans le développement et la protection de la forêt, exposés aussi aux critiques et aux inquiétudes d’une société se cherchant de nouveaux modèles.
Par la réunion des anciennes régions Poitou-Charentes, Limousin et Aquitaine, la forêt de Nouvelle-Aquitaine est devenue la première de France et celle qui fournit le plus de bois aux marchés. Elle le doit pour beaucoup au travail des sylviculteurs qui ont valorisé les sols ingrats des Landes de Gascogne, à ceux qui développent la culture du douglas aux côtés des feuillus sur les contreforts ouest du massif central et aux populiculteurs de l’Ouest soucieux de fournir aux industriels un matériau de qualité.
Ainsi, la forêt de Nouvelle-Aquitaine n’est pas seulement riche de son capital de bois sur pied (404 millions de m3), elle l’est par le nombre et l’implication de ses propriétaires forestiers. Cette forêt privée à 92 % est partagée entre 650 000 propriétaires, dont 250 000 possèdent plus d’un hectare. La gestion durable y progresse de manière spectaculaire : + 30 000 hectares pour l’année 2019. Au 31 décembre, 17 579 propriétés, cumulant près d’1 million d’hectares, possédaient ainsi un document de gestion durable, suivant un plan simple de gestion (PSG) ou un code de bonnes pratiques sylvicoles. Chez nombre de propriétaires, cette gestion durable est doublement attestée par l’adhésion au programme de certification PEFC.
Monocultures forestières ? Pas seulement
Dans ce dossier régional, Forêts de France insiste aussi sur les menaces qui pèsent sur cette forêt : tempêtes, incendies, ravageurs, changement climatique… Les acteurs de la filière se sont organisés pour mettre en place des réponses innovantes, comme la télédétection des poches de mortalité des arbres dans le massif landais, et l’expérimentation ou le suivi d’essences non autochtones en Limousin et Poitou-Charentes, par exemple le cèdre de l’Atlas et le chêne d’Amérique.
En termes de gestion, on ne peut réduire la grande région à la pratique de la monoculture qui est également appliquée au douglas dans le Limousin. La culture des feuillus, certes plus compliqués à commercialiser, demeure une tradition régionale : le chêne présent partout y est la première essence en volume sur pied, le châtaignier alimente une filière de transformation en Dordogne et en Haute-Vienne, et la populiculture redémarre en Poitou-Charentes. Cette palette d’essences crée les conditions d’une diversité de milieux favorable à la nature et la région est en pointe dans la mise en œuvre du nouveau Label Bas-Carbone.
Pascal Charoy (Forêts de France)