Le festival de Cannes 2018 se déclare ouvert le 8 mai. Oui mais, le secteur du végétal, de la forêt et du bois n’est pas en reste en la matière !
Forêt et bois : du théâtre au cinéma
Les arbres ont déjà inspiré des mises en scène théâtrales. Dans la dernière œuvre connue, l’action se situait devant le présidentiel décor de la Maison Blanche, côté jardin, où un quadra a réussi à planter un symbole à la quarantaine. Aussitôt le rideau tiré, le chêne d’Emmanuel Macron a en effet disparu pour la quarantaine phytosanitaire.
Cette fois-ci, et selon un document de France Bois Forêt, la filière aurait fait son entrée dans les salles obscures. Il ne s’agit pas de l’œuvre L’intelligence des arbres, mais du très officiel film de la réclame de France Bois Forêt (FBF) « Pour moi, c’est le bois », déroulé pour la première partie des films Gaston Lagaffe, Larguées, Je vais mieux… ces films seront-ils sélectionnés à Cannes ? Tout un symbole !
Forêt et bois : du cinéma à l’Internet
Sur la toile (du Web cette fois), le secteur forêt-bois fourmille de vidéos institutionnelles et il faut tout d’abord noter cette abondance – un eldorado pour agences de réalisation vidéo ! Plusieurs types de structures y contribuent : organisations professionnelles, interprofessionnelles, établissements publics, collectivités locales, entreprises, associations, Commission européenne. Toutes les vidéos s’appliquent à expliquer le secteur forestier, les utilisations et les propriétés du bois… et surtout le rôle de chacun, dans cette forêt d’acteurs. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même !
Copacel, représentant les acteurs de la papeterie, a par exemple publié 23 films sur Youtube, quand FBF, que l’on pourrait alors renommer en maison de production « Films Bois Forêt », dénombre près de 200 films sur sa chaîne Youtube, dont un grand nombre en partenariat avec Bati journal TV.
À partir du moment où ces films se multiplient sur une chaîne institutionnelle, celle de FBF en l’occurrence, on peut s’interroger sur le succès rencontré. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’audience est… bigarrée. Ainsi, « L’aventure Douglas » fait office de blockbuster en atteignant 3 800 entrées ! À l’inverse, les vidéos intitulées « Focus Douglas » ou « Un entretien avec l’Afcobois » n’avaient enregistré que cinq entrées en avril 2018 – deux vidéos publiées depuis plus d’un an. Entre ces deux extrêmes, le cinéma du bois FBF est assez confidentiel ; presqu’un cinéma d’auteur avec en moyenne une centaine de visionnages par vidéo.
Le palmarès des Glands d’or
Au-delà de ces constats comptables, ouvrons-nous à un spectre plus large et à la dimension artistique des productions. La Grive des bois a fait sa sélection pour vous, en attribuant un Gland d’or par catégorie.
Dans la catégorie de la meilleure vue aérienne, ce serait une bévue de ne pas attribuer le prix au parc naturel régional des Vosges du Nord avec « À vol d’oiseau », une vue vue plus de 33 100 fois.
Le prix de l’esprit décalé revient à France Bois Bûche et à sa série « Gère ton feu comme Peter ».
Toujours dans le secteur de l’énergie, Uniper gagne le prix du meilleur décor avec l’interview filmée de Claude Roy, président du Club des Bioéconomistes.
Prix dont ne pourra malheureusement pas se prévaloir le CRPF* Rhône-Alpes (certainement par manque de fond et de fonds), dans « Entretien avec un ingénieur forestier ».
Rassurons-nous, le CNPF* récupère le prix des premier et second rôles (à vous de juger), avec « Quels travaux ou coupes envisager dans mes bois ? », où la règle du genre consiste à ce qu’un propriétaire forestier et un technicien du centre se rencontrent quasi-fortuitement sur un chemin en forêt.
Dans une autre vidéo, « Assurer l’avenir de mes jeunes chênes », on remarquera que le propriétaire forestier a pris les choses en main, et apporte lui-même son dossier.
Le prix de la meilleure bande son est attribué à l’assureur Groupama, qui n’a pas pris de risque en utilisant un classique dans son « film Forêts ».
Le prix féminin en forêt revient à une production suisse, « Delphine, bûcheron au féminin ».
Dans la catégorie adaptation d’Armageddon, ETF* Aquitaine est lauréat avec « Au cœur de la forêt ».
Et pour la catégorie adaptation d’Orange Mécanique, les affouagistes remportent le lot.
Le prix de la meilleure adaptation forestière de la série Starsky et Hutch, les nouveaux chevaliers au grand cœur mais qui n’ont jamais peur de rien est obtenu par le ministère de la Transition écologique et solidaire et l’ONF* pour une vidéo décrivant la fonction de gardien d’espaces naturels.
Après le cinéma muet, la filière forêt-bois inventa la catégorie « cinéma pour aveugle » avec une production bois.com.
Quant au prix du meilleur montage, il est attribué à CFBL* France pour ses témoignages d’adhérents.
On ne pourra pas reprocher aux acteurs de lire un prompteur : le tournage s’est fait en pleine nature.
Le prix du film indépendant revient à « Mode d’emploi, le magazine sur l’emploi » dédié à l’emploi dans la forêt et le bois en Corse.
En épilogue, le prix du meilleur espoir (pour la marge de progrès à réaliser en termes de fact checking ou vérification des faits) est attribué sans conteste à la série Salut le gazier. Et autant le dire de suite, les confrères de Cash Investigation, avec « Razzia sur le bois », ont intérêt à bien se tenir !
La Grive des bois, plume légère et satirique de la forêt et du bois
* CFBL : Coopérative forestière Bourgogne Limousin.
CNPF : Centre national de la propriété forestière.
CRPF : centre régional de la propriété forestière.
ETF : entrepreneurs de travaux forestiers.
ONF : Office national des forêts.