La tenue, à l’été 2024, des Jeux olympiques et paralympiques à Paris et dans plusieurs villes de France a nécessité la construction ou la rénovation de 70 bâtiments : une vingtaine d’équipements sportifs et l’équivalent de 4 000 logements. Ainsi, 30 000 m³ de bois sont mis en œuvre dans les projets.
Du 26 juillet au 11 août puis du 28 août au 8 septembre 2024, la France accueille les épreuves des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), qui se déroulent majoritairement en région parisienne. Pour accueillir les épreuves, le comité d’organisation a fait le choix de s’appuyer à 95 % sur des infrastructures sportives existantes ou temporaires. Pour les sites de compétition, seul le Centre aquatique olympique à Saint-Denis a été érigé spécifiquement pour les Jeux. Néanmoins, la tenue des « JOP » a été à l’origine, sur les six dernières années, d’une longue série de projets d’aménagement en Île-de-France. Soixante-dix structures ont ainsi vu le jour ces derniers mois, dans 15 communes, sous la houlette de 30 maîtres d’ouvrage publics et privés, eux-mêmes pilotés par Solideo, en charge de la livraison en temps voulu des réalisations et du respect du budget.
On dénombre huit piscines construites ou rénovées, quatre groupes scolaires créés, cinq ponts réalisés, quinze gymnases construits ou rénovés, à Paris et en petite couronne. Côté logements, de nouveaux quartiers sont sortis de terre avec le budget des Jeux. En phase « héritage », le Village des athlètes à Saint-Denis accueillera par exemple 6 000 habitants et 6 000 salariés, dans un quartier comprenant aussi deux nouvelles écoles, deux crèches et six hectares de parcs.
Le bois représente 28 % du marché des ouvrages olympiques
En amont des Jeux, le projet France Bois 2024 a été mis en place dès 2018 pour favoriser l’utilisation du bois, notamment français, dans les réalisations des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Structure cofinancée et pilotée par le comité professionnel Codifab et France Bois Forêt, France Bois 2024 a pour président Georges-Henri Florentin ; il affirme :
« France Bois 2024 porte un projet structurant et fédérateur du contrat stratégique de la filière bois, signé le 16 novembre 2018. Les JOP de Paris en 2024 sont l’occasion pour la filière bois construction et aménagement de démontrer ses capacités, ses compétences et ses atouts écologiques et sociétaux auprès des donneurs d’ordre et du grand public français. Ils constituent aussi une formidable opportunité de créer une vitrine internationale, et de donner un coup d’accélérateur à la part du bois dans la construction et l’aménagement en France. »
France Bois 2024, association éphémère, a travaillé autour de trois volets :
– pour les professionnels de la filière bois, faire connaître les opportunités et accompagner les entreprises dans la réalisation des ouvrages JO ;
– pour les entreprises hors filière bois, activer la formation ;
– surtout, France Bois 2024 a développé auprès de Solideo et des donneurs d’ordre publics et privés les préconisations techniques nécessaires à l’utilisation du bois.
Les porteurs du projet France Bois 2024 ont ainsi réussi à faire inscrire un minimum « bois » et un minimum « bois français » dans les cahiers des charges des nouvelles constructions. Georges-Henri Florentin confie :
« Nous savions que c’était possible. Le bois représente en moyenne 8 % des parts de marché de la construction en France. Dans d’autres pays développés comme les États-Unis d’Amérique, le Japon, la Nouvelle-Zélande ou l’Europe du Nord, le bois représente un cinquième ou un quart du marché. »
Pour Paris 2024, le pari est tenu : le bois représente 28 % du marché. « Nous avons bénéficié d’une mobilisation exceptionnelle de la profession et de la volonté du comité organisateur d’aller vers un événement bas-carbone », explique Georges-Henri Florentin. L’amont forestier peut aussi se réjouir. Alors que le cahier des charges Solideo imposait une part de bois d’origine France de 30 %, Georges-Henri Florentin indique : « Nous sommes en moyenne à 45 % de bois français dans l’ensemble et à 65 % de bois français sur le Village olympique, ce qui est bien supérieur aux habitudes. »
Une vitrine pour la construction bois
« La filière a répondu à l’ensemble des objectifs fixés, rappelle Georges-Henri Florentin. Les délais ont été tenus, et nous avons concurrencé les autres matériaux. » Pour la filière forêt-bois, le projet France Bois 2024 représentait aussi une occasion de familiariser les citoyens avec le bois. « Nous avons apporté la preuve que tout peut être fait en bois. Le bois a été mis en œuvre dans des ouvrages remarquables comme le Centre aquatique olympique ou le Grand Palais éphémère, mais aussi dans des bâtiments courants comme les logements ou les écoles », poursuit Georges-Henri Florentin. Pour le Village olympique, deux tiers des bâtiments comportent du bois : en structure pour les bâtiments de moins de 28 mètres de haut (100 % des logements) et au-delà, grâce au guide des supports de façades, le bois est présent même dans ces bâtiments à structure béton. Ainsi, deux tiers des bâtiments du village comportent du bois.
Côté technique, France Bois 2024 a contribué à l’identification des freins réglementaires et à l’évolution des techniques constructives au travers des ouvrages olympiques. « Il s’agissait notamment de faire avancer les solutions en techniques courantes et de les diffuser via le Club des industriels mis en place avec l’Agence Qualité Construction, l’Institut technologique de filière FCBA et le Centre scientifique et technique du bâtiment », précise France Bois 2024. Ont ainsi été instruites 17 procédures Atex* afin de valider l’utilisation du bois là où il n’était pas encore standard : supports de façades, douches de plain-pied…
Outre les aspects techniques, les réalisations olympiques auront certainement contribué à accélérer le déploiement d’une culture du bois dans la construction, tant pour les professionnels du bâtiment qui ne connaissaient pas ou peu le bois que pour les entreprises de la filière bois qui ont appris à travailler en collaboration sur de grands projets.
Blandine Even (Forêts de France)
* Créée à l'initiative du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et des acteurs de la construction – et notamment avec les contrôleurs techniques, l'Appréciation technique d'expérimentation (Atex) est une procédure d'évaluation technique qui permet de valider des conceptions innovantes.