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La sylviculture irrégulière gagne du terrain en Île-de-France, dans les forêts régionales de Ferrières, Rougeau, Bréviande, soit au total environ la moitié des surfaces forestières de l’AEV comportant un plan de gestion. L’ONF leur a emboîté le pas dans les forêts domaniales. La forêt de Sénart a entamé la marche. Puis, la forêt de Fontainebleau a suivi – les futaies irrégulières y couvrent près de 50 % des zones productives (hors réserves biologiques). L’Office entend adopter l’irrégulier pour 47 % des surfaces domaniales de l’est francilien, contre 12 % il y a 3 ans. Avec, en appui, des formations du personnel. Sur le sujet, des réflexions sont en cours dans l’ouest de la région.
« Les lots de bois sont plus hétérogènes »
Cette sylviculture haute couture doit aussi répondre à un objectif de maintenir les capacités de production de forêts franciliennes, aujourd’hui sous-exploitées, selon l’AEV, malgré une demande sociale en bois. En 2015, l’AEV a vendu 19 500 m3 de bois (certifiés FSC), essentiellement du chêne et du châtaignier.
En l’absence de coupe rase, la récolte s’échelonne dans le temps, et de même pour les revenus tirés du bois. « Les lots sont plus hétérogènes en futaie irrégulière », note Régis Allain, de l’ONF. Les bois sont alors triés, puis regroupés sur des places de vente.
Et le bouleau ?
En tant qu’essence pionnière, avec ses graines légères, emportées par le vent, le bouleau tend à s’implanter naturellement sur des espaces ouverts, dénués d’atmosphère forestière. « Le bouleau est surtout utilisé en bois-énergie. C’est un bois tendre. Pourquoi ne pas orienter la sylviculture à son profit, pour des placages ou des meubles, comme réussissent à le faire les pays du Nord », suggère le forestier Régis Allain. La Finlande, par exemple, compte une dizaine d’usines fabriquant du contreplaqué à partir du bouleau, selon un récent rapport de l’agence gouvernementale Invest in Finland.
« S’assurer du bon renouvellement de la forêt »
Avec ces nouvelles pratiques, les agents de l’ONF se mettent aux statistiques. En témoigne Régis Allain :
« Le traitement régulier se gère de façon plus standard et le suivi se fait par de simples additions. En irrégulier, nous effectuons des prélèvements ici et là. Cela nécessite notamment de réaliser des échantillonnages et de calculer des moyennes en vue de s’assurer du bon renouvellement de la forêt dans son ensemble et d’en dresser l’inventaire, avec la technique des placettes permanentes*. »
Sur le terrain, les forêts font leur mue et requièrent de la patience. Comme le souligne l’AEV :
« Cela fait des siècles que ces forêts sont gérées en régulier. Il faudra des dizaines d’années avant que l’impact paysager de l’irrégulier se fasse ressentir. »
Sur le plan économique, le coût de ces mesures reste aussi à évaluer dans le temps.
Chrystelle Carroy/Forestopic
* Les placettes permanentes sont suivies d’un inventaire à l’autre, a contrario des placettes temporaires qui ne sont étudiées qu’une seule fois.