Épinglé par Cash Investigation, émission diffusée sur France 2, PEFC France dénonce un « procès à charge ». La certification forestière est en débat.
La forêt a la gueule de bois. L’émission Cash Investigation intitulée « Razzia sur le bois », diffusée sur France 2 le 24 janvier 2017, épingle notamment PEFC France. Ses journalistes ont voulu tester ce référentiel ; ils ont demandé et obtenu la certification PEFC de gestion forestière durable pour des sites aussi incongrus et peu boisés qu’une porcherie, un supermarché ou des réacteurs nucléaires – des adhésions qui ont, depuis, fait l’objet d’une procédure de radiation.
#cashinvestigation Nous avons fait certifié par le @PEFC deux réacteurs de la centrale nucléaire de Cattenom ! pic.twitter.com/ZzBqVHJlBw
— CASH INVESTIGATION (@cashinvestigati) 24 janvier 2017
Consternation, indignation ou appel à privilégier le bois français ont marqué les réactions parmi la filière forestière en France.
@greenpeacefr @jfjulliard Préférez et demandez du bois français. Bois légal, durable, moins d'enregie grise emplois et économie locale...
— FNBois (@FNBois) 24 janvier 2017
Taux de contrôle « recommandé » par le Cofrac
Le reportage étrille PEFC, sans s’intéresser à l’autre certification forestière qu’est FSC.
Stéphane Marchesi, secrétaire général de PEFC France, se dit « choqué » par « un procès à charge ». Il nous précise :
« Il est simplement démontré une valeur fondamentale de PEFC, qui est la prétention de bonne foi et la déclaration volontaire des propriétaires forestiers. Nous ne changerons pas cela. Nous sommes remués, mais en aucun cas déstabilisés. »
Dans une vidéo de PEFC postée sur Internet, Stéphane Marchesi déclare :
« Quand bien même nous aurions eu ces fausses déclarations comme dans le cadre de Cash Investigation, vous comprendrez qu’aucun bois ne sort d’une porcherie industrielle, d’un aérodrome ou encore d’une discothèque. En ce sens, il n’y a pas tromperie du consommateur. »
PEFC France applique des contrôles sur la base d’un échantillon, correspondant à la racine carrée du nombre d’adhérents (hors certifications de groupe via les coopératives forestières). Stéphane Marchesi nous indique :
« C’est une règle statistique recommandée par le Cofrac [Comité français d’accréditation, NDLR] et, à l’international, par l’ISO, organisation internationale de normalisation. »
La France compte 8,2 millions d’hectares certifiés PEFC (dont environ 530 000 ha en certifications de groupe). La certification PEFC s’avère majoritaire dans les forêts du pays, devant FSC.
Tensions ravivées au sein de la certification forestière
PEFC France projette, de plus, de lancer une action en justice, dans les prochains jours, à l’encontre de Greenpeace. Lors du débat télévisé qui a suivi le reportage, le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, a estimé que « PEFC ne garantit rien du tout », et que « FSC est le label qui fournit le plus de garanties ».
L’association Greenpeace serait-elle juge et partie ? Elle n’apparaît pas parmi les administrateurs de FSC France. Mais, l’ONG figure dans la liste des membres de FSC International, qui exercent un pouvoir de décision sur la structure.
L’émission Cash Investigation aura le mérite de susciter le débat. Elle ravive aussi les tensions, alors que le géant du meuble Ikea, dont la filière d’approvisionnement est aussi éclaboussée dans le reportage, a l’intention de s’approvisionner à 100 % en bois FSC ou en bois recyclé d’ici à 2020.
Chrystelle Carroy/Forestopic
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