Le soleil brille pour les ombrières photovoltaïques en bois

Ombrière photovoltaïque Azélan, installée sur l’aire de Garonne de l’autoroute A62 (crédit photo: Azélan)
Ombrière photovoltaïque Azélan, installée sur l’aire de Garonne de l’autoroute A62 (crédit photo: Azélan)
Le soleil brille pour les ombrières photovoltaïques en bois

Un nouveau type de structures en bois pourrait tirer son épingle du jeu dans l’aménagement extérieur, poussé par l’évolution de la législation.

 

Des projets d’ombrières photovoltaïques en bois se font jour. Ils sont favorisés par un levier législatif, avec la loi « accélération de la production d'énergies renouvelables » du 10 mars 2023. Son article 40 prévoit, en résumé, que les parkings de plus de 1 500 m² se couvrent, sur au moins 50 % de leur surface d’« ombrières intégrant un procédé de production d’énergies renouvelables » – le texte prévoit des exceptions à cette obligation, par exemple dans le cas où des arbres assurent un ombrage sur au moins 50 % de ces parcs de stationnement extérieurs. La loi « climat et résilience » de 2021 aborde, elle aussi, le sujet (article 101 et décret d’application).

Des entreprises de la filière bois se positionnent auprès de collectivités locales et autres acteurs de la filière photovoltaïque.

Des structures en bois de douglas, épicéa ou sapin

Le scieur Piveteaubois lance des kits de structures ombrières en bois lamellé-collé de douglas, accompagnées de leur quincaillerie, notamment destinée à acheminer les câbles électriques. L’industriel vendéen a reçu des commandes situées, pour l’essentiel, dans l’ouest de la France. La première de ces installations pourrait sortir de terre au cours du second semestre 2024.

Ombrière photovoltaïque Piveteaubois en exposition au salon des maires, fin 2023, à Paris (photo : CC/Forestopic)
Ombrière photovoltaïque Piveteaubois en exposition au salon des maires, fin 2023, à Paris (photo : CC/Forestopic)

Sur ce créneau, Azélan s’y est mis il y a 2 ans. L’entreprise de charpente et construction bois développe et installe des ombrières en bois lamellé-collé de résineux, comme du douglas, purgé de son aubier, ou bien de l’épicéa autoclavé – par ailleurs, elle vient de se doter d’une nouvelle usine de 2 100 m² à Bergerac (Nouvelle-Aquitaine), où se trouve son siège social ; le bâtiment intègre une charpente en épicéa, des murs à ossature bois, isolés avec de la laine de bois, et du bardage en bois de douglas. Pour ses ombrières, Azélan se fournit auprès du lamelliste Bois collés d’Auvergne (BCA)

Le douglas provient du Massif central et l’épicéa, d’Europe du Nord, indique le charpentier. « Le douglas est naturellement de classe 3 », rappelle François Rémi, commercial chez Azélan. Autrement dit, « la classe d’emploi 3 caractérise les bois en extérieur sans contact avec le sol et exposés aux intempéries », résume l’institut FCBA.

Azélan compte, parmi ses références, une ombrière de 2 500 m² à Talence réalisée pour SRIA, société de réalisation immobilière et d’aménagement de l’université de Bordeaux, et une autre de 820 m², exploitée par Electra (aire de Garonne A62) et comprenant une station de recharge de véhicules électriques.

Autre exemple, le SIEL, syndicat intercommunal du département de la Loire, propriétaire de réseaux de distribution d’électricité et de gaz, a, depuis 2021, mis en place six ombrières en bois et deux en structure mixte bois-métal, dont une en cours de pose.

Thierry Suchel, responsable de la production d’électricité renouvelable au SIEL, précise :

« Nous travaillons avec du bois de douglas et, dans les zones moins soumises aux intempéries, avec du sapin. Nous privilégions le bois du Massif central. »

Le SIEL a fait appel au charpentier Libercier, avec du bois massif ou du lamellé-collé, fourni par la scierie SNB (Société nétrablaise des bois) – deux entreprises localisées dans la Loire.

Par ailleurs, Moduland, société spécialisée dans les abris et équipements en bois, située dans l’Ain (Auvergne-Rhône-Alpes), affiche les ombrières en bois dans son catalogue, mais indique qu’elle ne souhaite communiquer avec la presse.

Des initiatives plus anciennes existent. Des ombrières photovoltaïques en pin maritime landais, datant de 2018, sont référencées par le prix national de la construction bois ; elles ont pour maître d’ouvrage la communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud (Landes), alliée au charpentier Castanchoa et au fournisseur bois, Sacba (entreprise liquidée en 2018), avec Soltéa (group Butagaz) comme maître d’œuvre.

Centrales photovoltaïques versus espaces forestiers
Des centrales solaires projettent de s’installer dans des forêts défrichées, voire des espaces boisés. Exemple, le programme Horizeo, en Gironde, redouté par des professionnels de la forêt, mais qui suit sont court. D’un côté, la loi sur l’accélération des énergies renouvelables interdit, à partir du 10 mars 2024, l’installation de parcs solaires lorsqu’ils nécessitent de défricher 25 hectares ou plus. De l’autre, un décret et un arrêté du 29 décembre 2023 organisent les conditions dans lesquelles les parcs photovoltaïques ne sont pas comptabilisés comme consommant de l’espace naturel, agricole ou forestier.
Ironiquement, des structures en bois pourraient-elles porter de telles installations de panneaux photovoltaïques ? Non, répond Samuel Lassalas, chargé d’affaires équipements des collectivités chez Piveteaubois, car « les fermes solaires sont, en général, à même le sol et n’ont donc pas besoin d’ombrières ».

Du bois pour des circuits courts, bas-carbone

Au global, le matériau bois se met en avant comme un matériau renouvelable et biosourcé. Des atouts qui ont un coût.

Piveteaubois estime que l’ombrière en bois revient 15 % à 20 % plus cher qu’un ouvrage équivalent en métal, pose comprise. Aussi, « nous ciblons des projets axés sur la recherche de circuits courts et le développement durable », relève Samuel Lassalas, chargé d’affaires équipements des collectivités chez Piveteaubois.

Azélan poursuit la même démarche, bilan carbone à l’appui, chiffrant le surcoût à 30 % pour la seule structure (sans les travaux d’intégration, ni le massif béton) et à 10 % pour l’ensemble. Le charpentier a calculé qu’une ombrière de 2 500 m² contient 140 m³ de douglas lamellé-collé, outre 3,8 tonnes d’acier (ferrures de fixation), et que son impact carbone est 25 fois moindre que celui d’une ombrière en acier recyclé.

C. C./Forestopic

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