Innovations pour les bois feuillus et résineux: le cru 2025 de l’Académie d’agriculture

Prototypes G.Du.Bois de meubles en hêtre, exposés au Forum bois construction 2025 (crédit photo: CC/Forestopic)
Prototypes G.Du.Bois de meubles en hêtre, exposés au Forum bois construction 2025 (crédit photo: CC/Forestopic)
Innovations pour les bois feuillus et résineux: le cru 2025 de l’Académie d’agriculture

Des projets visent des usages et des procédés innovants du bois en construction, que ce soit avec du pin maritime, ou avec des feuillus, comme le chêne et le hêtre. L’ameublement est aussi au programme.

 

Ce 27 février 2025, à Paris, lors du Forum international bois construction, ont été remis les trophées Jean-Paul Lanly de l’Académie d’agriculture de France à quatre lauréats :

Lamecol, société girondine (groupe DL), spécialisée notamment dans le bois lamellé-collé et l’ossature bois (dans la catégorie des entreprises de plus de 50 salariés) ;

France Douglas, association interprofessionnelle, distinguée pour son « soutien constant apporté, pendant plus de trois décennies, à la filière du douglas, essence très bien acclimatée dans notre pays et qui y a connu un fort développement durable » (dans la catégorie des entités de moins de 50 salariés) ;

G.Du.Bois, société coopérative d’intérêt collectif, pour ses procédés innovants destinés aux bois feuillus (« mention spéciale » du jury) ;

– l’association Restaurons Notre-Dame, « pour son action de sensibilisation sur l’utilisation du chêne français pour la restauration du patrimoine dans le sillage du chantier exceptionnel de Notre-Dame de Paris », selon Jean-Paul Lanly, créateur éponyme des Trophées (« mention spéciale » du jury).

Du pin maritime pour le bois construction

Le fabricant Lamecol se voit primé, pour sa « valorisation noble du pin des Landes, en constante croissance ». Son approvisionnement en bois, à 95 % labellisé « Bois de France », se constitue pour l’essentiel de pin maritime récolté à moins de 100 km de son usine, notent les académiciens.

De plus, le site de Lamecol, à Canéjan, est le pilote du projet collectif « ProPinLam », focalisé sur les propriétés mécaniques et environnementales du lamellé-collé de pin maritime. L’objectif ? Rendre cette essence compétitive comme matériau de construction, face à la concurrence de résineux importés d’Europe du Nord. Sélectionné par le programme gouvernemental « France 2030 », financé par des fonds européens, ProPinLam repose sur un budget à 1,23 million d’euros, dont 862 000 euros de subventions. Il a, pour partenaires, l’industriel Gascogne, la coopérative forestière Alliance Forêts bois, l’institut FCBA et l’Institut de mécanique et d’ingénierie (I2M) de Bordeaux.

Lamecol figure aussi parmi les lauréats du programme « Industrialisation performante des produits bois », avec l’ambition, là aussi, de développer l’usage du pin maritime dans la construction.

Des bois de qualité secondaire assemblés sans vis, ni colle

De son côté, G.Du.Bois ambitionne de produire des meubles et des constructions en chêne et hêtre, à partir de bois de qualité secondaire (« surbilles ») et de bois déclassé. Pour cela, ses quatre associés veulent se réapproprier, en l’adaptant et en l’industrialisant, la technique de charpente à petits bois, conçue par l’architecte Philibert Delorme, au XVIe siècle. G.Du.Bois, structure lancée en 2020-2021, mise aussi sur des assemblages sans vis, ni clou, ni colle, grâce à des techniques de moisage et de recours au tourillon.

Concernant la ressource en bois, Mathieu Cudek, l’un des associés, explique :

« Nous avons négocié avec des scieries pour récupérer des plots après sciages, les surbilles, ainsi que des bois qui ne peuvent pas servir en bois d’œuvre, parce qu’ils comportent des fissures, des nœuds. Nous avons aussi eu des discussions avec l’Office national des forêts. »

G.Du.Bois vient de réaliser une structure avec sa technique « petits bois », alliée à des outils numériques dits 4.0 (robots...), fabriquée avec son partenaire, le constructeur bois basé en Auvergne, MCA-Lazaro. Il s’agit d’une architecture surmontée d’une arcade (« plein cintre »), en chêne et hêtre, et qui a accueilli les vestiaires du Forum bois construction 2025 (en photo sur le compte Instagram de Forestopic, p. 1 et 4).

G.Du.Bois a d’autres projets en tête. Une étude est en cours pour l’usage de bois dépérissants et une autre, pour mettre au point un nouveau robot, en lien avec l’école des Ponts. En recherche de financements, la coopérative projette d’implanter son atelier de production au sein du pôle multifilière pour le bois en projet en Île-de-France. Pour équiper sa future « usine cathédrale », elle travaille à la conception d’une étuve passive, fonctionnant à l’énergie solaire et avec des « vitrages chauffants » de Saint-Gobain, en vue de sécher les bois – un modèle qu’elle pourrait même, à terme, proposer à la vente aux scieries.

C. C./Forestopic

Reproduction interdite sans autorisation écrite préalable.