Garnica va investir 80 millions d’euros dans une usine de contreplaqué de peuplier à Troyes

François Baroin, président de Troyes Champagne Métropole (à gauche) et Pedro Garnica, président de Garnica (à droite)
François Baroin, président de Troyes Champagne Métropole (à gauche) et Pedro Garnica, président de Garnica (à droite) (crédit photo: CC/Forestopic)
Garnica va investir 80 millions d’euros dans une usine de contreplaqué de peuplier à Troyes

L’industriel espagnol entend valoriser jusqu’à 350 000 m3 de bois de peuplier par an pour la fabrication de placages et, à terme, de contreplaqué. Le futur site de production troyen vise à approvisionner la France, l’Allemagne ou les Pays-Bas.

 

Garnica a choisi Troyes (Grand Est) pour implanter son septième site de production. Le groupe espagnol, spécialiste des panneaux de bois contreplaqué, prévoit d’investir 80 millions d’euros dans cette nouvelle installation et créer 250 à 300 emplois directs. Le projet est lancé. Le président éponyme du groupe, Pedro Garnica, l’a présenté ce 13 septembre 2018, devant un parterre d’élus locaux et de chefs d’entreprise.

Un projet qui « va féconder » le territoire de Troyes Champagne Métropole, se félicite François Baroin, président de l’agglomération. Un emplacement « parfait », aux yeux de Pedro Garnica, « presqu’au centre de l’Europe, près de nos clients français, néerlandais ou allemands ». Des marchés en croissance pour l’entreprise espagnole, aux côtés d’une demande dynamique aux États-Unis d’Amérique. D’autant que la société exporte plus de 90 % de sa production, vers 45 pays. Les panneaux de contreplaqué y habillent les caravanes, les bateaux, constituent des meubles ou des produits de construction pour l’intérieur ou l’extérieur.

Caravane habillée de bois contreplaqué (crédit photo: Garnica)
Caravane habillée de bois contreplaqué (crédit photo: Garnica)

Déroulage, séchage, chaudière bois

La création de l’usine troyenne, dans le parc industriel du Grand Troyes, comprend plusieurs phases. Un parc à grumes, ainsi que 40 000 m2 de bâtiment, doivent y prendre place sur une parcelle de 20 hectares à terme.

Une première phase d’investissement à 30-40 millions d’euros consiste à lancer la fabrication de placages de peuplier en 2020, en créant 60 à 80 emplois. Le procédé comprend le déroulage des troncs, qui produit des feuilles de bois, et le séchage durant 3 à 10 minutes, avant une mise au repos de la matière sur 5 à 7 jours pour sa stabilisation.

Une seconde phase, en 2023, vise à augmenter la capacité de production et à parvenir au produit fini, le contreplaqué, par l’ajout d’une presse à chaud (à 5 bars), suivie de l’adjonction de colle et des finitions. Également en projet, une chaudière biomasse pour valoriser les sous-produits de l’installation, afin de chauffer l’huile consommée par le séchage.

D’ici à 2025, la future installation a vocation à transformer 300 000 à 350 000 m3 de bois de peuplier par an. Cela correspond, d’après l’évaluation de Garnica, à une superficie de peupleraies de 30 000 à 35 000 hectares.

C’est environ 14 % de la surface des peupleraies françaises. Celles-ci s’étendent sur 210 000 hectares en métropole, d’après les estimations, pour 1,3 million de m3 de bois d’œuvre récolté chaque année. Or, la France va connaître un déficit de peupleraies gérées. C’est la conclusion d’une étude réalisée en 2016, par le Conseil national du peuplier pour l’Union des industries du panneau contreplaqué, avec des financements du comité professionnel Codifab.

La consommation de bois du site troyen devrait représente la production de 30 000 à 35 000 hectares de peupleraie par an à terme (crédit photo: Garnica)
La consommation de bois du site troyen devrait représente la production de 30 000 à 35 000 hectares de peupleraie par an à terme (crédit photo: Garnica)

Par ailleurs, Bois déroulés de Champagne vient de lancer sa production, à une trentaine de kilomètres de Troyes, à Marigny-le-Châtel, dans l’optique de traiter 100 000 m3 de bois de peuplier en 2020, selon L’Est Éclair.

« Redévelopper la filière du peuplier »

Garnica ne se montre pas inquiet. C’est ce qu’explique Pierre Dhorne, en charge du projet troyen chez Garnica :

« Dans le quart nord-est de la France, la majorité du peuplier part à l’exportation. Nous, industriel, nous portons un investissement avec l’objectif de redévelopper la filière. Et s’il y a un trou de production, cela induira des prix du bois plus élevés, pour le bénéfice des producteurs. »

Cette tendance à l’exportation depuis le nord-nord-est s'explique par « un plus faible tissu industriel actuellement », diagnostique l’étude de 2016. À l’échelle nationale, les grumes exportées se destinent en particulier à l’Italie.

Afin de sécuriser son approvisionnement, Garnica a l’intention de déployer sa propre équipe forestière pour acheter sa matière première en direct auprès des propriétaires populiculteurs, aux côtés d’autres sources, telles qu’exploitants forestiers ou coopératives. « Nous apportons du conseil à la replantation, y compris sur le type de clones de peupliers à utiliser », présente Christian Michel, directeur de Garnica. L’entreprise compte déjà parmi les signataires de la charte « Merci le peuplier » qui l’engage à soutenir financièrement les plantations, à condition que celles-ci disposent de la certification PEFC.

Garnica s’apprête donc à ouvrir son deuxième de production en France, après celui de Samazan (Nouvelle-Aquitaine). Avec ses 1 100 salariés, le groupe table sur un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros en 2018, pour une capacité totale de production annuelle de 350 000 m3 de contreplaqué.

Chrystelle Carroy/Forestopic

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