Pourquoi Le Bois international a cessé de paraître

Échantillons de premières de couverture du Bois international. Reproduit avec l’autorisation de Téma
Échantillons de premières de couverture du Bois international. Reproduit avec l’autorisation de Téma
Pourquoi Le Bois international a cessé de paraître

L’hebdomadaire quasi centenaire a été mis en liquidation, ainsi que sa publication sœur, le bimestriel La Forêt privée.

 

La nouvelle est tombée comme un couperet. Le 4 juin 2024, le tribunal de commerce de Lyon a constaté « l’état de cessation des paiements, l’impossibilité d’un redressement judiciaire » de la société « Le Bois national L’Officiel du bois », éditrice de deux titres de presse spécialisés, Le Bois international et La Forêt privée. En conséquence, le tribunal a placé l’entité en liquidation.

L’hebdomadaire avait été acquis, en 2010, par Téma, dans un premier temps sous gérance Jacques Berlioz. À la tête de Téma (6TM), groupe basé à Metz et spécialisé dans la presse professionnelle, le directeur de publication, François Grandidier, explique à Forestopic :

« Le Bois international est un titre qui perdait de l’argent depuis de nombreuses années, du fait d’une baisse des abonnements – notamment, le nombre de scieurs ayant diminué de manière considérable. Et nous n’avons pas réussi à développer La Forêt privée. Le groupe étant lui-même en redressement judiciaire, nous ne pouvions pas continuer à financer une structure qui perdait plus de 300 000 euros par an. »

L’équipe rédactionnelle avait certes tenté sa contribution pour redresser la barre. Sylvain Devun, chef d’édition du Bois international, relate :

« Nous avions lancé une nouvelle formule en septembre 2023, en fusionnant l’édition rouge et l’édition verte*. Avant cela, au moment de la crise Covid-19, et alors que des imprimeurs avaient interrompu leurs activités, nous avions créé une newsletter quotidienne. Nous avons également développé le site Internet. »

Téma avait fait le pari des économies d’échelle, notamment en regroupant les services administratifs. Le groupe a aussi misé sur le numérique. Au Bois international, « les équipes n’ont pas démérité », souligne François Grandidier, par ailleurs partisan d’une presse B2B qui s’adresse à des profils précis. Mais, rappelle le directeur de publication, le virage numérique a pu malmener le secteur de la presse :

« Depuis la crise Covid-19, il y a eu une accélération des habitudes de lecture sur le digital. Or, passer du print au Web ne se fait pas du jour au lendemain ; nous sommes obligés de continuer à servir le papier et le Web devient un complément. Nous ne nous sommes pas adaptés assez vite. »

Téma a aussi basculé dans la tourmente, après avoir contracté un prêt garanti par l’État (PGE) d’un montant de 14 millions d’euros, comme l’ont révélé nos confrères de La Lettre, dans un article du 28 août 2023. François Grandidier confirme : « Le PGE a aidé à financer la période de la crise Covid-19. La dette due au PGE est conséquente et le prêt, lourd à rembourser. »

Chez « Le Bois national L’Officiel du bois », la procédure de liquidation entraîne le licenciement économique de 11 salariés, dont sept journalistes (cinq permanents, deux pigistes), aux côtés des fonctions de commercial et graphiste.

Fondé en 1930, Le Bois international a d’abord paru sous le titre Bois et construction. À partir de 1931, il adopte le nom Le Bois national. En 1982, le journal intègre L’Officiel du Bois, une publication de la Fédération nationale du bois (FNB). En 2001, apparaît son appellation actuelle. En 2020, il revendique 33 000 lecteurs au global, à la fois sur ses éditions papier et Internet. Quant à La Forêt privée, revue technique créée en 1958 par l’expert forestier Charles Chavet, c’est en 2012 qu’elle rejoint la société éditrice du Bois international.

Aujourd’hui, la cession de la marque Le Bois international, détenue par Téma, n’est pas exclue.

Chrystelle Carroy/Forestopic

* L’édition rouge traitant de la construction, de la menuiserie, de l’agencement et, la verte, de l’exploitation forestière et des scieries.

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