Chanel fait défiler ses mannequins dans un bois reconstitué, et FNE se déchaîne. Mais, à qui profitent les cimes et la gloire ?
L’arbre prétexte
La polémique n’est pas arrivée toute seule. En fait, FNE voit rouge pour ces arbres coupés, accusant Chanel de faire le greenwashing* de son beau linge. Alors même que la mode, pour les associations environnementales, c’est la communication. On aurait pu en rester là.
Qu’à cela ne tienne, FNE enchaîne. Après un premier communiqué le 8 mars 2018 dénonçant l’utilisation du chêne pour une finalité stylistique, un deuxième communiqué tombe le 14 mars. Mais pourquoi ? Des arbres dans le décor. Et alors ? Les arbres sont vrais. Et après ? Rasés, réutilisés. Certes, pas plus que les bancs, ils n’ont été réemployés**. Mais quelle bataille de chiffons !
Et, contre toute attente, pompon sur le gland de chêne : Peter Wohlleben, l’auteur du livre désormais connu La vie secrète des arbres, s’en mêle. À qui le tour ? Faites vos jeux ! Le garde forestier teuton parle de hêtre, Chanel montre le paraître. D’un côté l’essence, de l’autre l’apparence.
L’arbre cache-sexe
En filigrane, les mannequins sont bien fagotés sous les fagaceae. La presse mode n’a d’yeux que pour les chênes effeuillés et si peu pour les modèles emmitouflés. Alors la forêt vient-elle constituer un cache-sexe pour Chanel ? La collection était elle aussi prestigieuse que souhaitée ?
La vraie « polémique » est peut-être là : la majestueuse forêt créée sous le Grand Palais à Paris a volé la vedette aux starlettes. Et si la beauté naturelle l’emportait sur les paillettes ?
Conclusion : non seulement les arbres communiquent entre eux, mais ils sont aussi de bons communicants !
La Grive des bois, plume légère et satirique de la forêt et du bois
* Le greenwashing est « un message pouvant induire le consommateur en erreur sur la qualité écologique réelle du produit ou sur la réalité de la démarche de développement durable ». Source : Guide anti-greenwashing, Ademe, 2012.
** Le réemploi consiste à donner ou vendre un produit à un tiers qui, a priori, lui donnera une seconde vie. Lors de la réutilisation, un bien usagé prend le statut de déchets et nécessite une réparation ou un contrôle de fonctionnement avant de retrouver le statut de produit. Source : Réemploi, réparation et réutilisation, Ademe, 2015.