Des maisons individuelles aux projets d’infrastructure, le bois, seul ou mélangé à d’autres matériaux, s’intègre aux systèmes constructifs. En juillet-août 2022, Forêts de France propose, dans son dossier, un tour d’horizon des grands projets, vitrines de l’adaptabilité de ce matériau durable et renouvelable.
Face à l’urgence de décarboner les activités de construction, impulsée notamment par le gouvernement français et par des textes, telle la réglementation environnementale RE2020, la demande en bois de construction s’accélère. Une croissance dans un marché qui aujourd’hui reste une niche : en 2020, la part de marché de la construction bois dans la construction neuve atteignait 9,7 % pour les maisons individuelles, 6,5 % pour l’ensemble des logements et 16,8 % pour le non-résidentiel, selon l’enquête nationale Codifab sur la construction bois.
L’accélération de la construction bois, poussée par la réglementation, pose donc encore des défis : emploi, développement du tissu industriel de la transformation… De plus, les forestiers et la filière bois s’impliquent pour que toutes les essences présentes en forêt puissent prendre le virage de la construction et trouver des débouchés localement.
Industrialiser une filière d’avenir
« Il y a une véritable prise de conscience collective, de la part des consommateurs et au niveau politique, selon laquelle la construction bois est la filière de construction de l’avenir », commente Frédéric Carteret, président de l’Union des industriels et constructeurs bois et biosourcés (UICB), organisation professionnelle qui représente les intérêts des acteurs de la seconde transformation du bois. Frédéric Carteret est également président de France Bois Industries Entreprises (FBIE), interprofession nationale des organisations professionnelles de dernière transformation de la filière bois, et de Xylofutur, pôle de compétitivité dédié à la filière forêt-bois-papier.
Pour anticiper cette accélération, une étape de préparation a été nécessaire : « La partie immergée de l’iceberg », selon Frédéric Carteret, à savoir plusieurs années de projets, de démonstrations, d’études, de travail sur la réglementation. L’objectif : montrer ce que la filière était capable de faire sur les logements, le tertiaire, l’industrie, et démontrer la pérennité du bois dans la construction. « Cette période a été longue, mais la filière construction bois est aujourd’hui prête à se développer, avec moins de freins qu’avant. » En parallèle, une structuration de l’ensemble de la filière bois a été nécessaire : « Nous avons appris à “faire filière” et avons atteint un âge de raison permettant de travailler et d’apporter des solutions ensemble », explique-t-il.
Aujourd’hui, il faut passer le cap de l’industrialisation, enjeu de souveraineté nationale. Frédéric Carteret mentionne :
« Aujourd’hui, plus de 60 % du bois utilisé dans la construction en France est issu d’une production française. En revanche, nous devons encore importer 80 % de notre bois d’ingénierie, qui fait beaucoup d’allers-retours parce que nous manquons de capacités d’industrialisation. L’enjeu de l’industrialisation est capital, c’est le défi de la filière aujourd’hui. Pour y arriver, un travail d’accompagnement de l’ensemble des acteurs du secteur doit se faire, afin de les aider dans leur transition du statut de PME à celui d’entreprise de taille intermédiaire (ETI). »
Répondre aux enjeux de main d’œuvre
La construction bois représentait 174 345 emplois (équivalent temps-plein) en 2020, dont 139 842 côté mise en œuvre de produits bois et 34 503 dans la production et la transformation, selon la Veille économique mutualisée (VEM) de la filière forêt-bois.
Un marché important qui n’est pas épargné par la pénurie de main d’œuvre touchant l’ensemble de la filière bois et également le bâtiment et la construction. Pour accompagner la croissance actuelle de la construction bois et surtout prévoir l’avenir, les professionnels misent entre autres sur l’attractivité des métiers, auprès de publics tels que les femmes ou les étudiants, en renforçant par exemple leur présence dans des salons de recrutement. Est également proposé le passage en 2x8 dans les industries de la forêt et du bois.
Frédéric Carteret confirme :
« On ne va plus construire demain comme on le faisait hier. La pénurie de main-d’œuvre concerne tout particulièrement les charpentiers, mais de nouveaux métiers sont en devenir avec l’industrialisation et le développement de la construction hors site. Accompagner la filière en termes de moyens humains est indispensable. »
Charlotte Lance (Forêts de France)