Plant de cèdre de l’Atlas (crédit photo: Sylvain Gaudin/CNPF)
Plant de cèdre de l’Atlas (crédit photo: Sylvain Gaudin/CNPF)

Le cèdre, une essence prometteuse face au changement climatique

 

Essence historique, symbolique, et forestière, le cèdre a été introduit en France au 19e siècle, et fait désormais partie intégrante du paysage méditerranéen. Il dispose sur le terrain d’une capacité d’adaptation, d’une productivité intéressante, et d’un bois valorisable pour de nombreux usages. Doté d’une bonne résistance à la sécheresse, il est souvent plébiscité comme essence de choix dans un contexte de réchauffement climatique. 

Essence emblématique de civilisations méditerranéennes et orientales, le cèdre suscite une admiration certaine du grand public. En France, c’est le cèdre de l’Atlas qui domine, avec plus de 24 000 hectares de boisements. Il s’agit de la troisième plus grande surface au monde de cédraies, après le Maroc et l’Algérie (184 000 et 38 000 hectares respectivement). Déjà prisée par une catégorie de transformateurs, l’essence séduit de plus en plus les forestiers. Forêts de France lui consacre son dossier de novembre 2023.

Une essence d’avenir…

Le cèdre de l’Atlas a la capacité de s’adapter à des conditions de milieux difficiles et, en ce sens, n’a pas d’équivalent sur le territoire, mis à part le chêne vert ou le chêne pubescent. Il peut être conduit en peuplements forestiers réguliers ou irréguliers, purs ou en mélanges. La diversité de ces itinéraires sylvicoles est un avantage certain dans le contexte de réchauffement climatique.

Le cèdre est souvent cité comme un exemple d’acclimatation réussie, après son introduction dans le sud-est de la France*. Les cédraies ont progressivement été étendues à d’autres régions, ces dernières années : Midi-Pyrénées, Lot-et-Garonne, Dordogne, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes, Normandie ou encore le sud de la Bretagne. Cette extension géographique hors de l’aire d’origine du cèdre de l’Atlas a donné lieu à de nombreux travaux de recherche à la fois en génétique et en sylviculture, qui ont permis d’affiner son autécologie.

Si le marché du cèdre reste encore confidentiel, nul ne doute de son potentiel. Ses qualités structurelles et sa bonne résistance mécanique lui ouvrent un avenir en bois construction, mais aussi dans de nombreux autres débouchés, de la menuiserie à la chimie du bois, en passant par les huiles essentielles.

...qui nécessite une approche mesurée et collaborative

Encore considéré récemment comme une essence secondaire, le cèdre de l’Atlas reste une essence assez « jeune », plusieurs années d’expérimentation sont encore nécessaires pour avoir un recul suffisant. Comme pour toutes les essences d’avenir, la mise en commun des données et enseignements disponibles sur l’adaptation du cèdre face au changement climatique sera le défi des prochaines années.

L’engouement suscité par le cèdre de l’Atlas doit rester mesuré. En effet, l’essence nécessite de porter une attention particulière aux conditions pédologiques. Ses deux principaux facteurs limitants sont la sécheresse (s’il ne peut puiser l’eau profondément) et les sols engorgés. Le cèdre n’étant pas une essence de climat océanique, des incertitudes persistent sur son adaptation à un fort taux d’humidité atmosphérique.

Même s’ils sont sporadiques, des dépérissements ont été identifiés, et certains demeurent encore inexpliqués. Aujourd’hui, relativement exempt de problèmes sanitaires graves, le cèdre pourrait être sensiblement plus affecté avec le réchauffement climatique.

Des forestiers s’accordent pour dire que la France pourrait représenter l’un des plus gros marchés de l’exploitation du cèdre. Pour qu’une filière du cèdre dynamique émerge, il nous paraît essentiel que tous les acteurs travaillant sur cette essence continuent de dialoguer et d’échanger de manière constructive, entre eux et aussi avec le grand public.

Violaine Grimprel (Forêts de France)

* En France, le cèdre a été introduit pour la première fois par Bernard de Jussieu en 1735, puis en plantation durant la seconde moitié du 19e siècle.



Bienvenue dans L’Agora,
espace d’expression et de débats.
Les avis exprimés dans L’Agora ne reflètent pas la position de la rédaction de Forestopic.

Pour proposer un article, contactez-nous.

Grivoiseries
Rubrique humoristique et satirique de la forêt et du bois


Agenda

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim