Mélèzes dans un paysage alpin (crédit photo: Sylvain Ougier/CNPF)
Mélèzes dans un paysage alpin (crédit photo: Sylvain Ougier/CNPF)

Le mélèze, trésor de nos montagnes sous surveillance

 

Essence pionnière, protectrice des terrains de montagne, prisée pour son bois dans la construction ou l’ameublement, le mélèze fait face à de nombreux défis. Forêts de France fait le point dans son édition de novembre 2022.

Résineux de la famille des Pinacées, le mélèze d’Europe (mélèze commun ou Larix decidua de son nom latin) est un montagnard qui se couvre de jaune à l’automne avant de perdre ses aiguilles, privilège dont il est le seul conifère européen à bénéficier. Un atout qui lui offre une grande résistance aux intempéries, vent et neige, également favorisée par son système racinaire en cœur (de forme hémisphérique) qui lui permet de fixer une quantité de terre importante.

Essence pionnière et plantations

Essence pionnière, le mélèze s’est installé sur une aire naturelle étendue et fragmentée, des Alpes aux Carpates en passant par les Sudètes et le centre de la Pologne. En France, il a surtout élu domicile dans les Hautes-Alpes, dans les Alpes-de-Haute-Provence, dans les Alpes-Maritimes et en Savoie. Il a également été introduit dans les Vosges, sur les plateaux calcaires du nord-est, dans le Massif central et les Pyrénées.

La plantation du mélèze sur le territoire s’est fortement développée entre les XVIe et XIXe siècles avant d’être significativement freinée au cours du XXe siècle à cause de l’expansion du chancre. L’Hexagone s’est, en parallèle, tourné vers le mélèze du Japon, ou Larix kaempferi, qui provenait de l’île nippone de Hondo et dont l’aire d’origine se trouve également à une altitude élevée. À cheval entre les deux espèces, la création du mélèze hybride, ou Larix eurolepis, a permis de bénéficier d’une complémentarité de caractères et de profiter de l’effet d’hétérosis*.

Un arbre aux multiples atouts

En montagne, le rôle du mélèze est clé en termes de protection contre les éboulements, les avalanches, les glissements de terrain ou l’érosion, mais également dans la tradition sylvopastorale.

Surnommé « chêne de la montagne », il est également un candidat idéal pour la construction, à la fois pour la menuiserie et les travaux de charpente, grâce à sa résistance mécanique exceptionnelle et son bois de qualité. Au cœur de la construction traditionnelle, le bois de mélèze est utilisé pour fabriquer des bardeaux, ces tuiles de bois également appelées « tavaillons » qui ornent généralement les toitures. C’est d’ailleurs l’une des essences choisies pour les fondations de la ville de Venise et traditionnellement utilisées pour la construction navale. Le mélèze est aussi prisé pour l’aménagement intérieur, en particulier pour les meubles.

Enfin, l’essence a longtemps été exploitée en amont de la coupe pour son essence de térébenthine. Un or jaune des chimistes qui pourrait connaître un renouveau de la demande avec le développement de la « chimie verte ».

Des défis à surmonter

  1. Régénération

La régénération du mélèze est un enjeu de taille. Dans le département des Hautes-Alpes (Provence-Alpes-Côte d’Azur), notamment, de nombreux peuplements de mélèzes d’Europe âgés et apparus naturellement arrivent en phase de régénération. Or, spécificité de taille, le mélèze, en tant qu’essence pionnière, y est incapable de se régénérer seul, sans intervention humaine. Pour contrer cette dynamique, le Centre national de la propriété forestière (CNPF) estime la mobilisation et l’intervention nécessaires.

  1. Changement climatique

Autre défi à relever : la sensibilité du mélèze au réchauffement climatique en montagne, qui commence à se confirmer. Dans le Briançonnais (Hautes-Alpes), l’Inrae utilise la dendroécologie pour étudier la réponse du mélèze au changement climatique en fonction de l’altitude, et quelques constats commencent d’ores et déjà à émerger, même s’ils restent à considérer avec précaution. L’étude révèle qu’à partir des années 2000, le mélèze à très basse altitude a commencé à pousser nettement plus lentement que les autres, alors que celui en très haute altitude a vu sa vitesse de croissance augmenter. De plus, la capacité de réponse du mélèze à la sécheresse diffère en haute et basse altitude : sa capacité de résistance pourrait se dégrader avec le temps, du moins à basse altitude.

  1. Pathogènes

Enfin, le mélèze fait face à un ensemble de menaces sanitaires. Le chancre du mélèze reste préoccupant pour la santé de l’espèce en plaine, même s’il est aujourd’hui bien appréhendé. En parallèle, le pathogène foliaire Meria laricis, sans danger en soit pour la survie des arbres, reste sous la surveillance du département de Santé des forêts (DSF). Enfin, la plantation de mélèzes du Japon est désormais fortement déconseillée, en raison de Phytophtora ramorum, pathogène dangereux pour plusieurs espèces ligneuses et décelé chez le mélèze au Royaume-Uni, puis en Bretagne à partir de 2017.

Charlotte Lance (Forêts de France)

* Vigueur hybride générée par l’hybridation interspécifique.



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Rubrique humoristique et satirique de la forêt et du bois


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