L’eau, nécessaire à la vie, est une composante essentielle des activités humaines. Face aux enjeux qualitatifs et quantitatifs qui s’annoncent pour cette ressource, les regards pourraient se tourner de plus en plus vers l’eau forestière, naturellement de bonne qualité. Forêts de France y consacre un dossier dans son édition de septembre 2023.
Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), 85 % des zones humides de la planète ont disparu au cours des trois derniers siècles. Aujourd’hui dans le monde, 26 % de la population est privée d’accès à l’eau potable et 46 % n’a pas accès à un système d’assainissement fiable. Avec le risque de sécheresse et le dérèglement climatique, la ressource en eau, et en eau potable, devient un sujet d’actualité récurrent. En France, le président de la République, Emmanuel Macron, a présenté, fin mars 2023, les grandes orientations d’un « plan eau », avec des mesures pour répondre aux enjeux de disponibilité et aussi de qualité. En effet, les eaux profondes sont sujettes aux pollutions liées aux activités humaines en surface : urbanisation, activités agricoles et industrielles. Des captages d’eau potable sont régulièrement abandonnés pour ces raisons.
En 2003 déjà, le Forum mondial de l’eau à Kyoto reconnaissait l’importance des écosystèmes forestiers en matière d’eau potable. Le rôle régulateur des espaces forestiers sur les quantités et les flux d’eau est en effet connu de longue date. Les écosystèmes forestiers jouent un rôle majeur dans le cycle de l’eau et dans la protection des sols.
Aujourd’hui, l’eau forestière suscite un intérêt croissant en raison de sa qualité. En effet, les sols forestiers permettent un drainage et une filtration naturels de l’eau. Également, grâce à une gestion forestière peu perturbante et sans chimie, l’eau forestière est naturellement de bonne qualité.
Valoriser l’eau forestière en tant que production forestière
Pour optimiser la protection de la ressource en eau, les rôles de la forêt et des forestiers quant à la qualité de l’eau méritent d’être valorisés.
Étendre le couvert forestier, renforcer la place de la forêt dans les bassins d’alimentation en eau, s’assurer que les peuplements forestiers sont en bonne santé et en station (adaptés à leur terrain), maintenir et restaurer ripisylves et zones humides en forêt… Si une bonne gestion forestière est essentielle à la protection de la ressource en eau, elle n’est pas exempte de risques pour la qualité de l’eau et des milieux.
Comme le rappelle le guide Protéger et valoriser l’eau forestière élaboré par le Centre national de la propriété forestière (CNPF), les principaux risques pour la qualité de l’eau en forêt, ponctuels, sont notamment liés aux travaux d’exploitation. Les recommandations à mettre en œuvre dépendent des contextes hydrogéologiques et du niveau de sensibilité des sites. Une attention particulière doit aussi être portée à la plantation et à la gestion sanitaire des forêts, qui sont autant d’actes de gestion susceptibles de perturber le cycle de l’eau.
À l'échelle de l’arbre, l’eau est un facteur clé de fertilité ; elle est essentielle à la production de bois. La production forestière et l’état sanitaire des peuplements forestiers dépendent largement de la réserve en eau des stations forestières. Mieux comprendre et prévenir le stress hydrique est aujourd’hui primordial pour le monde forestier, et de nombreuses études sont en cours pour adapter au mieux les pratiques sylvicoles, du choix des essences forestières à la gestion des peuplements sur pied.
De manière générale, ce sont à la fois un partage plus large des connaissances et le renforcement du dialogue et de partenariats entre forestiers et parties prenantes de l’eau qui permettront de favoriser la protection de cette ressource. Le programme « Eau + For », piloté par le CNPF et Fransylva, et destiné à valoriser le service de protection de la ressource en eau fourni par les forestiers, en est une illustration.
Violaine Grimprel (Forêts de France)
