Panneaux à base de bois (crédit photo: Freepik)
Panneaux à base de bois (crédit photo: Freepik)

Le bois d’industrie, un pilier de la bioéconomie

 

Le bois d’industrie, ou bois de trituration, représente un pilier de l’économie forestière. Il permet de valoriser 20 % de la production ligneuse (petits bois ronds, bois d’éclaircie), ainsi que les sous-produits de la première transformation. Les deux principaux secteurs utilisateurs, les fabricants de panneaux bois et les papetiers, se réinventent pour répondre à une demande plus forte de produits biosourcés et à de nouvelles exigences d’économie circulaire.

Le bois d’industrie (BI) a des définitions mouvantes. Il peut comprendre très largement « tout ce qui n’est pas du bois d’œuvre », ou se restreindre au duo « panneaux » et « pâte à papier », produits nécessitant une transformation industrielle poussée. Côté forêt, on comprend souvent le bois d’industrie comme les débouchés promis aux billons de petits diamètres (jusqu’à 25 cm maximum) et petites longueurs (jusqu’à 2,5 m). Dans le même temps, les forestiers déplorent souvent une trop faible rémunération des bois de trituration, dont l’exploitation s’avère pourtant essentielle à la gestion durable des forêts.

Sur la dernière décennie, la récolte de BI reste constante, à environ 10 millions de m³ en moyenne (57 % en résineux, le reste en feuillus), soit le cinquième des volumes de bois commercialisés annuellement en France. Près des trois quarts prennent la direction des usines de pâtes et de panneaux de l’Hexagone.

Face à une demande et à une capacité de production mondialisées, les industriels se maintiennent, malgré une conjoncture difficile. À la faible attractivité des métiers, s’ajoutent des critiques de plus en plus bruyantes relatives à la faible durée de vie et à l’impact environnemental des produits issus de la trituration. Pour gagner en compétitivité, les industriels français et européens misent sur la création de valeur ajoutée et sur l’innovation. Les axes de développement sont nombreux : amélioration de l’efficacité énergétique des sites industriels, optimisation de la consommation d’eau et de matières premières, efficacité environnementale et sanitaire des produits, réduction des produits chimiques employés, ou encore augmentation de l’utilisation des gisements de recyclage pour éviter les conflits d’usage.

Panneaux : plus de recyclage et d’adjuvants biosourcés

Selon la Fédération européenne du panneau (EPF), l’Europe produit chaque année 63 millions de tonnes de panneaux, dont 60 % à destination de l’ameublement. Plébiscités pour leur légèreté et leur facilité d’usinage, ces panneaux dits « de process » font désormais partie du quotidien. La France en produit environ 5,5 millions de m³ par an. Pour l’Union professionnelle des panneaux de process (UIPP), fusionnée avec l’Ameublement français, cette filière représente 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires et 3 000 emplois dans une douzaine d’usines sur le territoire métropolitain.

Pour allonger la vie des matériaux, les professionnels du panneau travaillent aujourd’hui à leur recyclage et à l’éco-conception, dont la recyclabilité. Le recyclage de l’OSB (Oriented Strand Board ou panneau de fibres orientées) et celui du panneau de particules inclut le broyage du matériau, colles et décor compris. Les panneaux de fibres, comme le MDF (panneau de fibres de moyenne densité), subissent une cuisson qui déstructure les fibres, ce qui confère au panneau sa résistance, mais empêche de récupérer la fibre dans son intégrité pour la réutiliser. Les professionnels s’attellent à cet enjeu de taille depuis quelques années et deux technologies sont actuellement à l’étude pour développer le recyclage des panneaux MDF.

Autre défi pour les fabricants de panneaux : le recours aux colles pétro-sourcées, nocives pour la santé et l’environnement. Les panneaux destinés à l’aménagement intègrent en effet 10 à 15 % de colles à base d’urée formaldéhyde, un cancérigène reconnu. De jeunes entreprises, comme le français Evertree, développent des solutions adhésives biosourcées pour les fabricants de panneaux de particules ou MDF.

Papetiers : des substituts au plastique

Pour répondre à une ambition sociétale de remplacer de plus en plus de matériaux issus de la pétrochimie par du biosourcé, la filière papetière, qui sait décortiquer de manière industrielle la matière bois, se met également en ordre de marche pour proposer des produits innovants. Le secteur papetier met ainsi sa R&D au service de la substitution au plastique dans les emballages (cartonnés ou non) et s’attelle à trouver de nouveaux débouchés à haute valeur ajoutée aux coproduits issus de ses processus industriels.

Le dossier de mai 2024 de Forêts de France propose un regard sur la place du « BI » dans l’économie forestière, un état des lieux de l’innovation dans la jeune industrie du panneau et dans le secteur papetier, et invite à découvrir de nouveaux produits prometteurs pour les bois de trituration.

Blandine Even (Forêts de France)



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Rubrique humoristique et satirique de la forêt et du bois


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