Voilà, depuis décembre, une Agence française de la biodiversité toute neuve ainsi qu’un nouveau comité spécialisé chargé de la gestion durable des forêts au sein du Conseil supérieur forêt-bois. La biodiversité recouvre, progressivement, la place qui lui est due dans la gestion forestière.
En s’immisçant dans la vie des sous-bois et des écorces, Forêts de France vous propose, dans son numéro de mars 2017, de découvrir un monde caché, celui des interactions entre la faune et la flore. L’on apprend ainsi que près de 25 % des espèces forestières dépendent du bois mort que l’on a trop facilement tendance à vouloir optimiser en bois énergie, que les oiseaux contribuent à la régulation d’un ennemi de choix, les scolytes, que certains champignons apportent des antibiotiques naturels aux arbres malades…
Une synergie à favoriser
En forêt, la biodiversité n’est pas une nouveauté. Elle en est même une composante intrinsèque, inscrite dans son principe initial de multifonctionnalité. La forêt est un espace privilégié d’accueil de la diversité biologique. Il suffit de s’entraîner à l’observer pour le constater : le biotope forestier héberge environ la moitié des oiseaux du territoire français, 72 % des espèces de la flore française. Il rassemble en effet les caractéristiques favorables : faible pollution, sol de qualité… Espèces inféodées ou passagères, on retrouve leurs traces selon les types de peuplements forestiers ou la variété des stations.
Qu’elle soit génétique, spécifique ou écosystémique, la biodiversité est en retour un élément essentiel pour l’adaptation des écosystèmes forestiers confrontés aux changements globaux, un facteur de résilience pour les forêts et un gage de maintien de leur productivité sur le long terme.
Adapter la gestion forestière
Ordinaire ou remarquable, la biodiversité concerne tous les propriétaires forestiers. Il ne s’agit pas de mettre nos forêts sous cloche, au contraire ! Et nous avons tout intérêt à quitter notre cartésianisme universitaire : préserver cette synergie, c’est se donner les moyens d’une sylviculture durable. Pour favoriser cette alchimie et faire de la biodiversité un véritable auxiliaire de sylviculture, ingénieurs et spécialistes de la biodiversité vous livrent dans ce numéro vingt conseils de gestion durable, alors que Pierre Gonin et Laurent Larrieu nous donnent les clés de l’indice de biodiversité potentielle (IBP), cet outil qu’ils ont créé afin d’évaluer la richesse d’un milieu.
Observer hier et aujourd’hui
Michel Bartoli, ingénieur forestier, nous emmène sur les traces de richesses biologiques au travers des archives forestières, de la forêt de Grésigne aux Préalpes du Nord. Une manière de prendre conscience de l’impact profond de la gestion des forêts sur le long terme et de nous inciter à conserver l’historique des interventions et des conditions environnementales.
Emmanuelle Degoy (Forêts de France)