Dans son numéro de janvier-février 2019, Forêts de France décortique le concept de gestion durable des forêts et les différentes manières d’atteindre cet objectif. Monoculture ou diversité des peuplements et des traitements sylvicoles ? Adéquation avec les marchés ? Prise en compte du changement climatique et de la biodiversité ? Pas simple, mais passionnant !
La gestion durable est un concept général, défini depuis la Conférence de Rio en 1992, comme une gestion susceptible de fournir à nos contemporains les biens et services qu’ils attendent de la forêt, sans remettre en cause la possibilité, pour les générations futures, de faire de même.
En Europe, la gestion forestière durable doit respecter six critères définis lors de la conférence d’Helsinki (1993) :
– conservation et amélioration des ressources forestières (maintien des capacités de production) ;
– maintien de la santé des forêts, de leur bon état sanitaire ;
– satisfaction de la fonction de production (bois et produits non ligneux) ;
– respect de la biodiversité dans les écosystèmes forestiers ;
– protection du sol et des eaux ;
– fournitures des diverses « aménités », telles que l’accueil du public ou la qualité du paysage ; conditions socio-économiques.
À la forêt plurielle, une pluralité de gestions
Comment y parvenir ? Le dossier de Forêts de France apporte des réponses concrètes. En France, la gestion durable ne peut se résoudre à une unicité de traitement. Elle est plurielle car elle doit s’adapter à des contextes géographiques différents. Les forêts ne se gèrent pas de la même façon en Picardie, dans les Alpes, sur les calcaires de Lorraine ou dans les Landes de Gascogne. Par ailleurs, la forêt fait face à des périls de plus en plus grands, qui ont pour nom chalarose, scolytes, grands ongulés, tempête, incendies…
La gestion durable assure donc le renouvellement de la forêt sans imposer au propriétaire les moyens d’y parvenir. L’itinéraire sylvicole est ponctué de choix. Le renouvellement peut être réalisé par plantation après coupe rase ou par régénération naturelle à la suite de coupes d’ensemencement. La futaie irrégulière assure la cohabitation d’arbres d’âges différents, le couvert forestier demeure permanent et le gestionnaire forestier procède par petits prélèvements en privilégiant les arbres parvenus à maturité.
Les atouts de la biodiversité
La diversité des essences, dès lors qu’elles sont adaptées à la station, est aussi un gage de gestion durable. Une forêt où cohabitent plusieurs essences résiste mieux aux maladies et aux aléas climatiques. Sur le plan économique, une diversité de produits permet au propriétaire de s’adapter aux fluctuations des marchés. Selon le vieil adage, il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier…
La diversité est également favorable aux organismes vivants, sous le couvert des arbres et dans le sol. Pour protéger ou développer cette biodiversité, il convient de prendre soin des sols en assurant leur alimentation en matière organique. Le gestionnaire protégera la petite faune en maintenant du bois mort sur pied ou au sol et en prenant soin des zones humides.
Des documents de gestion durable pour le long terme
Tout un programme ! Le propriétaire bénéficie d’outils pour s’organiser sur le long terme, il s’agit des documents de gestion durable qui sont présentés dans le détail dans ce dossier. Le premier d’entre eux est le plan simple de gestion (PSG), obligatoire pour toute propriété de plus de 25 hectares. Plus de 3 millions d’hectares de forêts privées sont actuellement couverts par un PSG.
Pour éclairer le sujet, le lecteur trouvera le récit d’expériences de terrain. Comment calculer l’indice de biodiversité potentielle ? Une coopérative innove avec des techniques de reboisement moins chères et écologiques ; un forestier belge sème des glands sous ses épicéas condamnés par les scolytes. Tout cela est à lire dans le numéro de janvier-février de Forêts de France.
Pascal Charoy (Forêts de France)