Première source de chaleur renouvelable en France, le bois énergie poursuit son développement raisonné, notamment dans le cadre des réseaux de chaleur et des centrales de cogénération. Dans son numéro d’octobre 2019, Forêts de France explique en quoi et comment cet usage constitue une chance pour la gestion et l’entretien de la forêt.
Aujourd’hui, la biomasse d’origine forestière représente 42 % de la production d’énergies renouvelables en France et elle fournit 78 % de la chaleur renouvelable grâce au bois domestique et aux chaufferies bois. Pas étonnant que les pouvoirs publics misent sur la filière pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Le projet de programmation pluriannuel de l’énergie (PPE) demande ainsi à la filière de réaliser la moitié des objectifs de développement de la chaleur renouvelable à l’horizon 2028.
1 200 chaufferies en 10 ans et du bois de chauffage
Il existe deux vecteurs principaux pour atteindre ces objectifs : le fonds chaleur et le chauffage domestique au bois.
Créé par l’État en 2009 et géré par l’Ademe, le fonds chaleur soutient la production de chaleur renouvelable dans l’habitat collectif, les collectivités ou l’industrie et l’agriculture : ce sont les fameux réseaux qui transportent sur des kilomètres l’eau chauffée grâce au bois. Entre 2009 et 2018, 1 200 chaufferies biomasse ont été installées sur l’ensemble du territoire.
Le second axe de progrès concerne le chauffage au bois domestique. Dans une étude publiée en 2018, l’Ademe a estimé que 6,8 millions de ménages utilisaient du bois à la maison, principalement sous forme de bûches. Le bois gagnera des parts de marché sur les énergies fossiles, si le grand public remplace les chaudières au fuel par des chaudières à bois. C’est le granulé qui devrait en sortir gagnant, car il a de plus en plus la faveur du public.
Des innovations en forêts
Dans son numéro d’octobre, Forêts de France constate que l’amont forestier ne bénéficie pas encore d’une stratégie nationale clairement inscrite dans et pour la transition écologique. Le prix faible du bois, sa mobilisation compliquée en terrain difficile et les réticences compréhensibles à prélever des arbres entiers pourraient constituer des freins à la récolte accrue de bois énergie. Sur le terrain, des expériences montrent qu’il est possible de prélever plus de bois énergie, sans porter atteinte à la forêt.
L’énergéticien Gazel Energie (ex-Uniper France), qui exploite la plus grosse centrale biomasse de France à Gardanne, soutient des actions positives en faveur de la gestion durable de la forêt provençale : récolte en zone difficile, récolte de bois brûlé, regroupement de propriétaires, aide à la certification PEFC pour les exploitants. Objectifs : identifier les gisements de biomasse et favoriser le développement des bonnes pratiques sur la chaîne d’approvisionnement.
En région parisienne, des gestionnaires s’engagent à mobiliser plus de bois énergie pour alimenter les chaufferies biomasse soutenues par le fonds chaleur. Au prix d’un gros travail de prospection, l’association Sylvaligne a regroupé 1 400 propriétaires et réussi à mobiliser 60 000 tonnes de plaquettes forestières (lauréat Dynamic Bois 2016). Les opérateurs partenaires prélèvent des feuillus qui seraient peu rentables sous forme de bûche, et lorsqu’un arbre vaut mieux que l’énergie, il est réservé à une scierie.
Le recul de la bûche
Partout en France, les propriétaires sont aussi nombreux à exploiter ou à vendre sur pied du bois énergie, seuls ou dans le cadre de coopératives. Cette mobilisation aide à régénérer la forêt et apporte de la trésorerie qui peut être réinvestie.
Mais ici et là, on sent le vent tourner. La bûche a moins la cote auprès des particuliers qui lui préfèrent le granulé. De leur côté, les coopératives s’organisent pour fournir les chaufferies et les centrales de cogénération en plaquettes forestières. Là encore, la récolte de bois énergie permet de diminuer le coût des opérations sylvicoles ; elle dynamise la sylviculture au profit du bois d’œuvre.
Pascal Charoy (Forêts de France)