Un futur prometteur se dessine pour les travaux d’ExtraForEst. Si les travaux de recherche réalisés permettent de qualifier, quantifier et localiser les différents extractibles au sein de l’arbre, l’ambition ne s’arrête pas là. Le programme a pour objectif de soutenir l’émergence d’une véritable filière chimie du bois. Des outils destinés aux professionnels sont en cours de création.
La ressource en biomasse forestière riche en extractibles se situe tout d’abord en forêt. Il faut donc savoir localiser cette ressource. Néanmoins, ce ne sera probablement pas dans la forêt que sera directement prélevée cette biomasse, mais plutôt dans les industries de première transformation du bois, sous la forme de connexes industriels. Tout l’enjeu est de récupérer les « bons » connexes, produits à partir des « bonnes » ressources forestières.
Localiser géographiquement la ressource de la chimie du bois
Dans l’optique de la chimie du bois, il est essentiel pour les acteurs de la filière forêt-bois de pouvoir situer géographiquement la ressource forestière la plus intéressante pour les extractibles. Les industriels de la chimie ont alors besoin de connaître et cibler au mieux les bassins d’approvisionnement. De leur côté, les interprofessions forêt-bois ont intérêt à ce que soient valorisées les ressources biomasse de leur région, afin de favoriser une politique forestière régionale, tout en attirant des acteurs du marché près des gisements les plus prometteurs.
Afin de répondre à ces enjeux, ExtraForEst a demandé à l’IGN de l’accompagner dans ses travaux de recherche. En effet, l’institut, notamment en charge de l’inventaire forestier national, couple ses informations avec les informations produites par ExtraForEst (teneur en extractibles, volume, densité, biomasse des différents compartiments de l’arbre). Ensuite, l’IGN en tire des statistiques pour évaluer la quantité d’extractibles présents dans la ressource forestière. L’outil, une fois créé, permettra ainsi d’optimiser le positionnement des acteurs de la filière et d’analyser les ressources régionales en extractibles exploitables.
Identifier à quelles étapes de la filière récolter la ressource
Reste à savoir comment localiser les quantités d’extractibles dans les connexes industriels récupérables aux différents points de la filière. Autrement dit : à quelles étapes clés sera-t-il possible de récolter ces extractibles ? ExtraForEst prépare un outil qui permettra de calculer la présence des molécules le long des filières, dans les différents types d’entreprises. Cet outil servira, si possible, à positionner géographiquement les filières possibles. Il permettra aux propriétaires forestiers de savoir quelles sont les quantités d’extractibles récoltées par hectare dans leur région et présentera également un intérêt pour les entreprises de transformation qui ont un enjeu de diversification et de regroupement autour des bassins d’approvisionnement. Enfin, les entreprises intéressées par la chimie du bois, qu’elles soient de la région ou extérieures, pourront ainsi prospecter afin de déterminer les quantités existantes de ces molécules.
Ce travail de localisation de la ressource, géographiquement et au sein de la filière, est une condition indispensable pour faire émerger ce projet qui est avant tout un projet de territoire. En effet, la chimie du bois engage les régions vers davantage d’innovation au service d’une plus grande valeur ajoutée des produits forestiers.
Retrouvez ci-contre le regard de Nicolas Bilot, ancien responsable recherche développement et innovation du Groupe coopération forestière (GCF) et membre du comité consultatif d’ExtraForEst.
Francis Colin, coordinateur ExtraForEst
NICOLAS BILOT, responsable recherche développement et innovation chez Groupe coopération forestière (au moment de l’entretien)
« Que tous les acteurs puissent profiter de la valeur ajoutée générée par la chimie du bois »
« Les coopératives forestières veulent avoir une juste place dans la filière chimie du bois. Nous ne voulons pas que la filière soit organisée comme pour le débouché bois énergie qui est considéré comme un marché de coproduit, alors qu’il devrait être reconnu comme un marché à part entière où la valeur remonterait jusqu’au forestier. Il faut que tous les acteurs de la chaîne puissent profiter de la valeur ajoutée générée par les marchés de la chimie du bois. Le maillon forestier a tendance à être trop loin des gains financiers. Mais, si les forestiers trient la ressource, investissent dans des essences combinant performances pour les débouchés traditionnels et intérêt en chimie du bois, il faut qu’ils aient leur part dans les bénéfices. Pour être actifs, nous avons besoin de connaître le catalogue des extractibles, les essences concernées, et les procédés d’extraction utilisés. Cela nous permettra, en amont, de mettre en place les process utiles qui feront gagner en efficacité toute la chaîne impliquée dans cette filière de la chimie du bois. Le Groupe coopération forestière est déjà actif dans la mobilisation des bois, et du bois énergie en particulier, et il pourra, demain, mettre cette force d’innovation opérationnelle, au service de la chimie du bois ! »