Pratiquer le gemmage aujourd’hui: une méthode moderne plus respectueuse des arbres et des gemmeurs

 

Le gemmage est une activité ancienne, mais qui pourtant revient de nos jours avec une nouvelle méthode de récolte plus respectueuse de l’environnement et de l’écosystème.

Pour rappel, le gemmage est une pratique visant à récupérer de l’oléorésine sur un résineux préalablement blessé. Lors de cette procédure, l’oléorésine est mélangée à des impuretés (eau de pluie, aiguilles), elle est alors désignée sous le nom de gemme. Après différentes étapes visant à la purifier, on obtient ce que l’on appelle de l’essence de térébenthine et de la colophane.

Le gemmage, une technique qui a son histoire

Durant l’Antiquité, le gemmage se pratiquait par le biais d’une technique nommée « gemmage au trou ». Cette technique consistait à creuser un trou au pied de l’arbre, puis à blesser celui-ci en réalisant une care avec une hache et par la suite avec un hapchòt (petite hache dont on se sert pour extraire la résine).

Cette technique a ensuite évolué au cours du XVIIIe siècle avec la méthode de son créateur éponyme, Pierre Hugue, qui a ainsi remplacé la récolte au trou par une récolte dans des pots en terre cuite.

Puis, au cours du XIXe siècle, a été inventé le gemmage en vase clos breveté par Wade qui a ainsi solutionné le problème de l’évaporation de la gemme par cette méthode de récolte. Au milieu du XIXe siècle, aux États-Unis d’Amérique, a été ajouté de l’acide sulfurique afin d’augmenter la production de la gemme et ainsi retarder la cicatrisation de l’arbre, on appelle cela le « gemmage à l’activée ».

Enfin, à la fin du XIXe siècle, Claude Courau a quant à lui révolutionné la méthode de récolte de la gemme par l’emploi de poche en plastique qui est alors plus accessible pour les gemmeurs et permet une meilleure qualité de la gemme.

La méthode de récolte « Biogemme »

Depuis 2010, les méthodes de récolte ont encore évolué, notamment grâce à la méthode « Biogemme » développée par la société Holiste, laboratoire de recherche basé en Saône-et-Loire, qui a ainsi remplacé l’acide sulfurique préalablement utilisé, par un acide organique faible qui est moins dangereux pour le gemmeur et pour l’arbre. Cette méthode vise également, dans son protocole, à réduire la campagne de gemmage à 3,5 mois au lieu des 8 mois de la méthode dite « traditionnelle », ce qui permet à l’arbre et à son écosystème de se régénérer plus rapidement, et ainsi de ne pas abîmer le bois de celui-ci.

  • Trois étapes

La méthode de récolte développée par le programme Biogemme à été reprise expérimentalement au sein du projet Gemm-Est et est divisée en trois étapes distinctes (photos ci-dessus) :

  1. Blesser l’arbre avec un outil développé par Biogemme pour faire s’écouler la résine de celui-ci.
  2. Appliquer une pâte à base d’acide organique pour augmenter la quantité de résine et ainsi retarder la cicatrisation de l’arbre.
  3. Installer un système de récolte de résine par le biais de poches en plastique.

  • Des aspects positifs

Cette nouvelle méthode de récolte est respectueuse de l’environnement et de l’écosystème, et aussi des acteurs issus de ce secteur d’activité. Effectivement, ce protocole ne nuit pas à la santé du gemmeur et préserve l’arbre de toute agression extérieure liée à la blessure de celui-ci.

Cette méthode préserve ainsi la bonne santé des arbres et permet une récolte supérieure tant par la qualité de la matière première que par son rendement. Cette technique pallie donc certaines lacunes des différentes méthodes antérieures.

Francis Colin, coordinateur de Gemm-Est



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Grivoiseries
Rubrique humoristique et satirique de la forêt et du bois


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