Figée dans sa beauté et sa diversité naturelle, menacée par les incendies mais étonnamment résiliente, la forêt de Sud-PACA a longtemps été assimilée à un décor de carte postale. Depuis 5 ans, la belle endormie vit un éveil économique qui modifie la donne. À découvrir dans le numéro de juin 2020 de Forêts de France.
S’il est un endroit en France où la forêt bouge, c’est bien ici, en région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur (Sud-PACA). Il est fini le temps où les propriétaires forestiers prenaient prétexte des périls – le feu – ou de la faible valeur du bois pour se contenter de regarder les arbres pousser. Une nouvelle génération veut croire que la protection de la forêt n’est pas incompatible avec la production et la valorisation du bois. Une révolution !
L’arrivée du bois énergie
Cette prise de conscience doit beaucoup à l’émergence d’un marché de sous-produits : le bois énergie qui nourrit les centrales de Brignoles (Var) et de Gardanne (Bouches-du-Rhône). Ce marché, qui atteint aujourd’hui 500 000 m3 par an, est venu concurrencer les achats de l’usine de pâte à papier de Tarascon (Fibre Excellence). Les prix ont progressé et, avec eux, les ambitions des propriétaires découvrant que leur bois, même de qualité moyenne, valait plus que ce que les acheteurs voulaient leur en donner.
Frédéric-Georges Roux, président de Fransylva PACA, confirme :
« L’arrivée des “électro-énergéticiens” a redonné vie à nos collines boisées. De contemplateurs de forêts qui poussent toutes seules, nos propriétaires cueilleurs sont devenus gestionnaires. Il ne leur reste plus qu’à retrouver le chemin de la sylviculture pour être les acteurs économiques d’une filière qui se structure et commence à produire des effets à la hauteur des enjeux. »
Faire émerger une offre de bois d’œuvre
L’amont forestier réuni dans l’association France Forêt PACA a obtenu, en 2018, le classement du pin d’Alep comme bois de construction. Une grande victoire, car cette essence emblématique du pourtour méditerranéen était jusqu’alors essentiellement dirigée vers l’industrie (papier, panneaux…) et l’énergie. Elle peut, elle doit aujourd’hui trouver des débouchés en bois d’œuvre.
L’interprofession régionale Fibois Sud-PACA reprend le travail à son compte. Elle a mission de mettre la filière en ordre de marche, depuis la ressource jusqu’à la transformation du matériau sur le territoire régional.
La valorisation de la ressource passera par l’émergence de projets industriels innovants. Deux dossiers viennent tout juste de recevoir le soutien du ministère de l’Agriculture, au travers d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI). Il s’agit d’une scierie résineuse dans les Bouches-du-Rhône et d’une unité de collage des bois dans les Hautes-Alpes. Ces deux projets vont bénéficier d’un accompagnement financier dans leur phase d’ingénierie. Si rien n’est encore fait, ce soutien les place sur de bons rails.
Fibois Sud encourage ces deux investissements majeurs. « Ce sont des éléments structurants à l’échelle de la région, nous sommes très enthousiastes à l’idée qu’ils puissent voir le jour », se félicite Florent Bigo, le directeur de l’interprofession. Ces deux projets confortent les efforts de valorisation des pins locaux entrepris par Fibois et ses partenaires régionaux pour faire émerger une offre de produits de construction et aussi de menuiserie intérieure et extérieure.
Pascal Charoy (Forêts de France)