Accueillir le public dans sa forêt peut donner au propriétaire privé l’opportunité de partager sa passion et de communiquer sur son travail. Dans son numéro de juillet-août 2020, Forêts de France présente différentes possibilités qui s’offrent à lui : recevoir ponctuellement des visiteurs, autoriser le passage de randonneurs, de cyclistes ou de cavaliers, ou proposer une activité de loisir lucrative, tels accrobranche, hébergement, cueillette de champignons, etc.
En 1964, l’ingénieur principal des eaux et forêts P. Rivaillon écrivait dans la Revue forestière française :
« Les temps évoluent et le forestier en arrive aux forêts dites suburbaines ou forêts-promenades, ou forêts-accueil ou de “récréation” dont il est de plus en plus évident que nos enfants et petits-enfants auront soif. »
Ce texte n’a pas pris une ride. Or, à l’exception de la forêt publique qui aménage ses forêts domaniales, l’accueil du public est loin d’être réglé en forêt privée. Rien n’oblige un propriétaire à accueillir des visiteurs dans sa forêt. Mais quand huit Français sur dix déclarent aller en forêt au moins une fois par an, on comprend bien qu’un certain nombre se ressource dans les sous-bois d’autrui.
L’ouverture de la forêt ne s’improvise pas
Fermer sa forêt pour éviter les excès ? C’est une option possible mais onéreuse et peu populaire. Il faut sans doute considérer que l’accueil du public constitue, désormais, une facette complémentaire de la gestion forestière. Car l’ouverture ne s’improvise pas. Elle passe d’abord par la communication avec les associations, sportives notamment, qui envoient leurs adhérents profiter de la nature : randonneurs, vététistes, cavaliers, mycologues, naturalistes, ornithologues, etc. Il est utile de les rencontrer pour faire passer les messages de bonne conduite, comme il est utile de mettre en place des conventions de passage.
Mais, accorder à ces pratiquants un accès contrôlé et considérer que le problème est réglé ne suffit plus. Il faut que ces visites servent à quelque chose, montrer que le forestier n’est pas un « monstre » pressé d’abattre ses arbres mais un être réfléchi et attentif à la nature. Ce peut être expliqué avec des mots simples. Dans sa forêt, le propriétaire travaille pour l’intérêt général afin qu’il soit possible de respirer un air pur, boire une eau douce, ériger des maisons écologiques et… se promener. Ouvrir, donc, donne l’occasion d’expliquer le travail du forestier et Fransylva encourage et accompagne ses adhérents dans cet effort de sensibilisation, comme à l’occasion de la journée internationale des forêts.
L’accueil du public, gratuit ou rémunérateur ?
Ouverture ponctuelle ou, parfois, accueil intéressé. Le propriétaire peut utiliser sa forêt pour accueillir ou héberger des touristes « verts » moyennant rémunération. Parcours d’accrobranche, nuitée en cabane perchée, découverte de la faune et de la flore, sont dans l’air du temps. Ces activités nature apportent des compléments de revenu et facilitent le dialogue avec les urbains en mal d’espaces… vrais.
Le numéro estival de Forêts de France présente des expériences réussies d’ouverture au public. En complément, puisque nous retrouvons la liberté de voyager après le confinement anti-Covid-19, la revue propose de découvrir ou redécouvrir des sites touristiques intimement liés à la forêt et à l’utilisation du bois. Bonnes escapades !
Pascal Charoy (Forêts de France)