Intimement liés à nos paysages de vacances, les pins valent mieux qu’un décor de carte postale. De la Bretagne à l’extrême sud de la France, ils poussent souvent sur des sols ingrats et offrent aux industriels une ressource en bois polyvalente. Dans son dossier de septembre 2021, la revue Forêts de France présente les principales essences de production et les enjeux liés à leur développement notamment sur les marchés de la construction, les plus rémunérateurs pour les propriétaires.
Les pins ont une proximité particulière avec les Français, peut-être parce qu’ils accompagnent leurs transhumances estivales et participent de l’ambiance des vacances. Leurs houppiers clairs filtrent le soleil et apportent une fraîcheur bienvenue sur les lieux de villégiature, qu’ils poussent sur les dunes du Sud-Ouest, les côtes bretonnes (pin maritime), les reliefs du Massif central, les Alpes du Sud (pin sylvestre), les collines méditerranéennes (pin d’Alep) ou les montagnes corses (pin laricio).
Une quinzaine d’espèces de pins en France
Il existe une quinzaine d’espèces de pins en France. Ajoutons aux précédents le pin noir d'Autriche, le pin taeda, le pin à crochets, le pin cembro, le pin mugo, le pin pignon ou pin parasol, le pin de Weymouth. Le genre pinus couvre 2,7 millions d’hectares, soit 16 % des surfaces forestières du pays. Les deux essences majeures sont le pin sylvestre et le pin maritime qui représentent les deux tiers du volume de pin disponible en forêt française.
Cette multiplicité lui a permis de gagner quasiment tout le territoire, de la plaine aux montagnes, à l'exception peut-être du Nord moins pourvu en résineux. Non seulement, il se régénère facilement, mais il est aussi beaucoup planté. C’est l’homme qui a façonné le massif des Landes de Gascogne par exemple, pour valoriser des marais incultes et en faire la première forêt cultivée d’Europe.
Un bois solide et polyvalent
Les pins doivent leur succès à leur frugalité et à leur capacité de résistance. Ils sont peu exigeants quant à la nature des sols. Leur besoin de lumière et la structure de leur bois est un autre trait commun. Tous les pins présentent un duramen coloré, de rosâtre à rouge, et un aubier blanc, facilement imprégnable pour augmenter sa durabilité. Ce bois possède de bonnes qualités mécaniques. Les principales essences de production (maritime, sylvestre, laricio, noir et Alep) bénéficient d’un référentiel de classement visuel permettant de normer les sciages pour un usage en structure.
Les pins ont une vaste gamme d’emploi. Le bois est aussi utilisé pour l’énergie, la fabrication de pâte à papier, de panneau ; ses sciages sont largement valorisés dans l’emballage (palette) et les travaux publics (coffrage, étais, traverses, poteaux, etc.). L’aménagement intérieur l’utilise en lambris et il fournit de solides éléments de charpente.
Sous-produits et chimie du bois
Le pin ne néglige pas ses sous-produits. On extrait de ses aiguilles de précieux composés chimiques (chlorophylle, carotène, cires, huiles), sa résine fournit l’essence de térébenthine (peinture, vernis) et la colophane, composé solide nécessaire à la fabrication de colles, papiers ou adhésifs. Son écorce est aussi riche (comme les pépins de raisin) en oligo-proanthocyanidine, une molécule aux vertus pharmaceutiques.
Le pin, là où il est exploité, est donc un poids lourd de l’économie du bois. De la forêt (pépiniéristes, entrepreneurs de travaux forestiers, gestionnaires) à l’industrie (énergie, trituration, première et seconde transformations, chimie « verte »), il est estimé que cette ressource naturelle génère en France près de 100 000 emplois*.
Pascal Charoy (Forêts de France)
* Source : Association pour la promotion de l’emploi des pins.
