La biomasse solide est aujourd’hui en France la première énergie renouvelable productrice de chaleur. Une position qu’elle doit consolider d’ici à 2030, selon les objectifs fixés par les pouvoirs publics. Mais, cela ne va pas de soi pour tout le monde. Le bois énergie est la cible de « mauvais procès » au nom de la pollution et de la déforestation. Si la filière possède de solides arguments pour contrer ces accusations, elle doit aussi continuer à se structurer pour mobiliser les propriétaires forestiers et organiser une exploitation de plus en plus raisonnée de la biomasse en forêt. Des enjeux développés dans le dossier de Forêts de France de janvier-février 2022.
La question de la transition écologique a encore été peu abordée par les candidats à l’élection présidentielle de 2022. Et quand elle est évoquée, on ne parle que d’éoliennes, de panneaux solaires ou d’hydroélectricité. Le bois est absent des discours, probablement parce qu’il représente une part minime de la production d’électricité renouvelable en France : moins de 3 %. Impossible de rivaliser avec l’hydraulique renouvelable (49,5 %), l’éolien (32,4 %) ou le solaire photovoltaïque (10,8 %).
Électricité versus chaleur
Les acteurs du bois énergie sont aujourd’hui d’accord pour dire que la production d’électricité dans des centrales dédiées n’a pas d’avenir en France. L’argument qui plaide contre cette utilisation est le faible rendement des centrales uniquement dédiées à la production d’électricité. Ce rendement est bien meilleur dans les centrales de cogénération qui produisent à la fois de l’électricité et de la chaleur. Mathieu Fleury, le président du Comité interprofessionnel du bois énergie (CIBE), l’observe :
« Sur le territoire métropolitain, il n’y a pas de pertinence à avoir des rendements énergétiques dégradés pour produire de l’électricité. À l’inverse, les centrales de cogénération ont un rendement proche de 85 %. La production d’électricité est dimensionnée à partir des besoins de chaleur et il y a là une vraie pertinence énergétique. »
Ces unités ont vocation à se développer sur le territoire.
Le fonds chaleur en chiffres
Depuis la domestication du feu par Homo sapiens, l’homme n’a pas cessé d’utiliser le bois comme source de chaleur. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui, avec des technologies qui permettent de valoriser la vapeur et de transporter de l’eau chaude sur des kilomètres. En 2020, la part des énergies renouvelables dans la production de chaleur s’élevait à 23,3 %. Cette production de chaleur reste dépendante énergies fossiles, le pétrole et le gaz. Toutefois, le bois affiche clairement sa prédominance dans le bouquet des productions renouvelables de chaleur. Il a fourni, en 2020, les deux tiers (64,2 %) de la chaleur « verte » consommée en France et la biomasse continue de bénéficier d’un soutien appuyé des pouvoirs publics.
Les aides actuelles au remplacement des chaudières fioul et gaz des particuliers devraient doper cette progression, de même que les soutiens au bois dans les équipements collectifs. Créé par l’État en 2009 et géré par l’Ademe, le fonds chaleur a fait ses preuves en facilitant la production de chaleur renouvelable dans l’habitat collectif, les collectivités ou l’industrie et l’agriculture. Entre 2009 et 2020, ce fonds a permis d’accompagner l’installation de 1 100 chaufferies essentiellement alimentées en plaquettes sur l’ensemble du territoire. La puissance totale installée de 3 600 MW produit 15 600 GWh par an de chaleur renouvelable issue de la biomasse.
Le bois chaleur bénéficie aussi d’un capital confiance et confort chez les Français. Les équipements évoluent, ils sont plus performants et moins polluants. C’est particulièrement vrai pour le granulé qui effectue une forte percée en 2021, grâce à ses qualités intrinsèques (pouvoir calorifique…) et aux aides de l’État.
Pascal Charoy (Forêts de France)
Sources des chiffres : Chiffres clés des énergies renouvelables – édition 2021, ministère de la Transition écologique.