Qu’est-ce que la sylviculture de précision ? A quelles essences s’applique-t-elle ? Quelles sont ses perspectives pour mieux gérer les peuplements ? Le dossier du premier numéro de Forêt & Innovation fait un état des lieux des nouveaux outils dès à présent disponibles dans ce cadre (télédétection, BioClimSol, Vigil’encre, Archi..) ou dans un proche avenir (Sylv’éclair).
Dérivée de l’agriculture de précision, la « sylviculture de précision » est un principe de gestion qui vise la durabilité des forêts via le développement d’outils technologiques innovants au service des propriétaires et gestionnaires. Elle permet la prise en compte de la complexité des forêts, des conditions socio-économiques et environnementales locales, ainsi que de leurs évolutions en raison du changement climatique. En Nouvelle-Aquitaine, le programme SPNA* a permis de tester ou de mettre au point plusieurs outils. Certains sont d’ores et déjà disponibles et concernent les peuplements de pins et de châtaigniers. Le dossier du premier numéro de Forêt & Innovation (qui succède à la revue Forêt-entreprise) analyse dans les détails ces nouveaux outils et leurs premières mises en application.
La télédétection dans les peuplements forestiers dépérissants
La télédétection permet, à partir d’images satellite, de cartographier l’état sanitaire des peuplements de châtaignier, en identifiant lesquels sont dépérissant tout en évaluant leurs niveaux d’atteinte. Après avoir testé l’efficience de cette méthode dans la région Nouvelle-Aquitaine, différents travaux ont permis d’envisager son application sur un autre territoire.
La baisse du puits de carbone forestier national est fortement liée aux dépérissements. Le territoire du Fumélois, en limite sud du massif de châtaigniers du Périgord-Limousin, est particulièrement atteint. La reconstitution de ces peuplements en mauvais état sanitaire peut bénéficier du label Bas-Carbone. Dans le cadre du programme SPNA, une enquête a été conduite auprès d’entreprises du Lot-et-Garonne, du sud de la Dordogne et de l’ouest du Lot ; il en résulte que certaines entreprises se sont dites prêtes à financer des travaux forestiers pour rendre ces peuplements plus efficaces pour capter du carbone. Cela leur permettrait simultanément de compenser au moins une partie de leurs émissions.
Des outils d’aide au diagnostic et au choix des essences
Utilisable sur différentes essences feuillues et résineuses, la méthode Archi est un outil de diagnostic visuel du dépérissement et des capacités de résilience des arbres. Elle en interprète les symptômes sans identifier leurs causes. Deux techniciens ont appliqué Archi à différents peuplements de châtaignier de Nouvelle-Aquitaine ; ils donnent leur avis dans Forêt & Innovation, et expliquent comment et quand ils utilisent cette méthode.
Autre avancée technologique mise en avant dans ce dossier, l’application BioClimSol. Elle permet une évaluation de l’état sanitaire des peuplements et aide les sylviculteurs comme les gestionnaires à affiner leur diagnostic. Un sérieux atout pour aider au choix des essences, lors d’un renouvellement rendu nécessaire dans l’actuel contexte d’évolution du climat. Une gestionnaire forestière indépendante du Limousin explique d’ailleurs dans ce dossier comment et pourquoi elle fait régulièrement appel à l’application BioClimSol pour confirmer ou infirmer un premier avis.
Focalisée sur le dépérissement des peuplements de châtaignier, Vigil’encre est une application mise au point par l’institut Inrae. Elle cible la maladie de l’encre, laquelle s’attaque aux racines et provoque un dysfonctionnement hydrique des arbres, puis leur mort. Vigil’encre permet d’abord de reconnaître les symptômes constatés sur l’arbre, puis de les déclarer. Autant d’informations par la suite précieuses pour mieux connaître et évaluer la présence de la maladie sur le territoire français.
L’informatique pour planifier les coupes de bois
Enfin, c’est dans le cadre du projet « Sylviculture de précision en Nouvelle-Aquitaine » qu’ont été élaborées les bases d’un nouvel outil informatique destiné aux propriétaires et aux gestionnaires de parcelles de pin maritime. Dénommé Sylv’éclair, il s’agira d’un site web. À partir de mesures de terrain et après avoir choisi une des normes disponibles, cet outil intégrant un modèle de croissance, indiquera quel est le moment le plus opportun pour planifier la prochaine coupe d’éclaircie dans un peuplement.
Bonne lecture !
François d’Alteroche (Forêt et Innovation)
* Sylviculture de précision en Nouvelle-Aquitaine.