Martelage d’une futaie adulte de douglas (crédit photo: Sylvain Gaudin/CNPF)
Martelage d’une futaie adulte de douglas (crédit photo: Sylvain Gaudin/CNPF)

Métiers. Faire grandir la nouvelle «génération forêt»

 

Symptôme d’un certain désamour pour les professions de la forêt et du bois ? Les métiers de la filière peinent à attirer les jeunes demandeurs d’emploi, aux dires des entreprises qui recrutent. Pourtant, les métiers forestiers font valoir de nombreux atouts et font écho à certaines des préoccupations qui traversent la société : trouver du sens, enrayer l’effondrement mondial de la biodiversité, lutter contre le changement climatique… Des initiatives travaillent à reconnecter la jeune génération à la gestion forestière, afin de faire naître la passion.

 

Selon l’Observatoire des métiers de la forêt et du bois dans une étude réalisée fin 2023 par les organisations professionnelles de la filière forêt-bois, les secteurs de la forêt et du bois souffrent d’une sévère pénurie de main-d’œuvre. L’étude souligne « un besoin urgent de renouvellement et d'attraction de nouveaux talents ».

Des postes difficiles à pourvoir

Pour le secteur incluant sciage, travail du bois, sylviculture et exploitation forestière, on estime le besoin en main d’œuvre de 14 000 à 17 000 postes ; 64 % des employeurs estiment que ces embauches sont difficiles. Pour les activités de la forêt et ses 27 000 salariés, entre 4 000 et 5 000 embauches sont prévues en 2024, et les deux tiers des entreprises peinent à recruter.

« Le constat est partagé avec d’autres filières comme les filières industrielles : nous avons peu de candidats pour beaucoup de postes », précise Nicolas Jobin, chargé de communication de l’union des coopératives forestières et responsable du projet Very Wood Métiers, qui met en lumière les métiers de la filière. « Nous avons l’avantage d’intégrer une très grande diversité de métiers au sein des coopératives, ce qui nous donne une vue d’ensemble de la chaîne de valeur forestière, précise Nicolas Jobin. Nous observons une dynamique très positive sur l’activité forestière, et les coopératives, qui emploient aujourd’hui environ 1 400 personnes, ont accueilli 300 nouveaux collaborateurs en dix ans. » Pourtant, cela n’est pas suffisant. La gestion forestière et la sylviculture connaissent une augmentation rapide des besoins en personnel qualifié depuis deux ans. Les programmes nationaux de renouvellement forestier amplifient l’urgence de recruter à tous les niveaux : « l’ingénierie forestière pour savoir quoi planter à quel endroit, la programmation des travaux et la gestion du reboisement avec des compétences logistiques, et la réalisation des travaux avec des compétences en préparation du sol, plantation et entretien », détaille Nicolas Jobin.

Le constat est partagé par la Fédération nationale entrepreneurs des territoires (FNEDT), qui représente 6 700 entreprises de travaux forestiers, dont 750 ont pour activité principale la sylviculture. « Les entreprises de travaux forestiers ont tendance à se structurer. Le nombre d’entreprises baisse, mais le nombre de contrats de travail a augmenté de 6 % en cinq ans », indique Michel Bazin, président de la commission Forêt à la FNEDT. « Pourtant, 1 500 contrats ne sont pas pourvus en sylviculture, et encore davantage pour l’exploitation forestière. Nous sommes encore loin de pouvoir répondre aux besoins de mobilisation pour assurer le renouvellement, augmenter la résilience des forêts et fournir les industriels », regrette-t-il.

Des profils de candidats avec une sensibilité nouvelle

Le manque d’attractivité des métiers en tension repose généralement sur une combinaison de facteurs : inadaptation des compétences ou des formations aux besoins des entreprises, politiques salariales de branche, difficultés de mobilité géographique, pénibilité et dangerosité de certains postes… Celles et ceux qui arrivent aujourd’hui sur le marché du travail ont également une sensibilité différente. Par exemple, selon les coopératives, les jeunes ingénieurs forestiers ont moins d’appétence pour l’exploitation forestière que pour les enjeux de protection de la forêt. « Certains ont une vision très noire, voire dystopique de la forêt », renchérit Michel Bazin.

L’intérêt des jeunes générations pour les questions écologiques peut aussi représenter une chance pour la filière. « Le premier critère pour les demandeurs d’emploi reste le salaire, explique Nicolas Jobin. Et nos métiers ne sont généralement pas compétitifs sur ce plan. » En revanche, « 76 % des jeunes actifs se disent prêts à revoir leurs exigences salariales pour un métier qui a du sens ». Ce sont ces profils passionnés et engagés qui pourront assurer le renouveau forestier, à condition de leur laisser la place d’exprimer leurs convictions.

Le dossier de septembre 2024 de Forêts de France donne la parole à ces jeunes professionnels, convaincus par leurs missions d’intérêt général. Il précise aussi le rôle que peuvent jouer les propriétaires forestiers, en accueillant par exemple des stagiaires ou des alternants en forêt. Enfin, ce dossier propose un tour d’horizon des nombreuses initiatives qui connectent les jeunes générations à la gestion forestière, et ce dès le plus jeune âge.

Blandine Even (Forêts de France)



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Rubrique humoristique et satirique de la forêt et du bois


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