Alors que la 4e édition de Woodchem, le rendez-vous de la chimie du bois, se prépare à Nancy, Forêts de France vous invite dans l’infiniment petit, au cœur de cette forêt moléculaire, surprenante et innovante, qui n’a pas fini de faire parler d’elle.
Traditionnellement utilisé pour la construction, l’ameublement ou encore l’énergie, le bois nous surprend à révéler les secrets de ce qui constitue la structure même de sa matière. Un potentiel d’innovation qui nécessite de regarder ce matériau sous un autre œil, celui du chimiste. La chimie du bois offre de nouvelles applications et répond à des enjeux environnementaux et industriels interdépendants.
Cellulose, lignine et hémicellulose
Théoriquement, le bois peut reproduire l’ensemble des produits chimiques provenant du pétrole. Avec un accroissement biologique de 70 millions de mètres cubes par an, la forêt française tient en son sein un « or vert ». Au-delà du matériau, le bois révèle peu à peu ses constituants les plus élémentaires : ses molécules. Cellulose, lignine et hémicellulose en première ligne, le bois conquiert petit à petit des marchés insoupçonnés : pharmacologie, parfumerie, bioplastiques, textiles, alimentation, emballages, teintures, biocarburants, etc.
Quand la sylviculture prend la relève de la pétrochimie
Disposant d’un savoir-faire et d’une expérience internationalement reconnus dans l’extraction moléculaire à partir de végétaux, la France mise de plus en plus sur le biosourcé issu du bois.
Les filières de la bioéconomie, c’est-à-dire la valorisation des produits de la photosynthèse en produits d’intérêts, représentent en France 6 % des approvisionnements pour l’énergie, les matériaux et la chimie.
Ces biofilières offrent des substituts aux produits issus de l’industrie pétrochimique au travers de la sylviculture et bien entendu de l’agriculture. Le développement et la pérennisation de ce secteur émergent reste cependant dépendant du prix des hydrocarbures, dont le niveau dépressif (50 dollars le baril) est un obstacle majeur.
La chimie du végétal, un marché prometteur
Les biomolécules du bois viennent dorénavant élargir et dynamiser les filières chimiques traditionnelles du vivant. Le développement de la chimie du bois repose avant tout sur son intégration aux chaînes de transformation existantes et sur la création de valeur ajoutée. Car cette filière, avec des efforts de recherche et d’innovation, se structure d’abord à travers la diversification, contribuant ainsi à la compétitivité de la filière bois, y compris celle du papier.
Parce qu’il est abondant, renouvelable et parce que ses prix sont relativement stables, le bois représente un matériau d’avenir pour la filière chimie. Au-delà des usages traditionnels du matériau, la chimie du bois se place comme un marché porteur et pourtant encore peu connu et peu exploité. Les estimations parlent d’elles-mêmes : le marché de la chimie du végétal tend à croître de 250 milliards de dollars à l’échelle mondiale d’ici à 2020. Un segment de l’économie qui est prometteur.
Un bitume à base de matières biosourcées ou recyclées
Dans ce dossier de 16 pages, vous verrez que les recherches menées en France sur la chimie du bois sont nombreuses, s’étalant sur des thématiques scientifiques vastes et avec un niveau de qualité élevé. Scientifiques, industriels et institutionnels, présentent lors de la 4e édition de Woodchem, les 6 et 7 décembre 2017, la conférence internationale dédiée à la chimie du bois, avec des marchés d’application qui innovent. Deux exemples sont présentés dans Forêts de France de novembre 2017 : la production d’un bitume « vert » à base de matières premières biosourcées ou recyclées, et la transformation de la lignocellulose en nourriture pour les poissons…
Samantha Gauthier (Forêts de France)