L’organisation des chantiers forestiers autant que la conception des machines forestières contribuent à préserver l’intégrité des sols en forêt. Dans son numéro de novembre 2018, la revue Forêts de France présente les dernières avancées techniques et scientifiques sur le sujet.
En ce début du XXIe siècle, les sols forestiers sont parfois soumis à de rudes contraintes. Le premier danger potentiel qui menace leur intégrité réside dans les conséquences de la récolte forestière. Depuis la tempête de 1999 et l’exploitation massive des arbres abattus par le vent (chablis), des progrès ont été réalisés tant sur le plan du machinisme forestier que de l’organisation des chantiers.
Des cloisonnements pour circonscrire la circulation
Les gestionnaires ont bien compris l’intérêt de mettre en place des cloisonnements, ces couloirs espacés de 15 à 20 mètres qui servent à la circulation des engins. Ainsi, il vaut mieux passer toujours au même endroit, plutôt que circuler un peu partout sur une parcelle. Il suffit d’un seul passage sur des sols peu portants pour causer des dégâts très longs à réparer.
Car le tassement réduit la porosité du sol et empêche l’eau de circuler librement ; il perturbe aussi la faune du sol qui joue un rôle dans la transformation des matières organiques.
Pour les sols forestiers, à chacun ses responsabilités
Les machines ont fait des progrès, avec des roues plus nombreuses et plus larges, et la possibilité de mettre en place des chenilles lorsque la météo se dégrade. À chaque acteur ses responsabilités, depuis le propriétaire jusqu’à l’acheteur qui supervise les travaux d’exploitation.
Un guide sorti en décembre 2017, PraticSols, explique les bonnes pratiques et liste les tâches qui incombent à chacun, afin que les chantiers se déroulent dans de bonnes conditions. L’objectif étant de maintenir en bon état les cloisonnements d’exploitation et d’éviter autant que faire se peut la formation d’ornières. C’est important pour les sols, cela l’est aussi pour améliorer l’image de l’exploitation forestière auprès du grand public.
Les rémanents, source de bois énergie et fertilisants
Le dernier numéro de Forêts de France présente également les recherches menées pour « raisonner » l’exportation des rémanents, alors que la récolte d’arbres entiers se développe pour les besoins du bois énergie.
Les feuilles et les brindilles jouent un rôle essentiel dans la fertilisation des sols. Une exportation massive peut produire des effets négatifs sur les sols les plus pauvres. Un guide de bonnes pratiques est proposé par l’Ademe et une application numérique pour smartphone est en projet, afin d’aider les gestionnaires à déterminer la sensibilité de leurs sols à l’exportation de la biomasse.
Enfin, scientifiques et praticiens étudient la possibilité de rendre à la forêt les cendres des chaufferies bois, car elles sont riches en éléments nutritifs. Sur le sujet, les obstacles techniques et environnementaux semblent en passe d’être levés. La définition d’un modèle économique prendra plus de temps.
Pascal Charoy (Forêts de France)