Des communes d’Occitanie et de Provence-Alpes-Côte d’Azur doivent, désormais, faire l’objet d’une « stratégie d’enrayement » du chancre coloré du platane. De nouvelles dispositions concernent les professionnels intervenant sur les platanes, y compris les élagueurs.
Un arrêté du 31 janvier 2025 actualise les règles de lutte contre le chancre coloré du platane. Il vient à la suite d’un règlement européen d’exécution du 21 septembre 2022.
Le texte européen liste les communes comprises dans les « zones délimitées d’enrayement » et situées principalement en Occitanie (Canal du Midi et Canal de la Robine, Adour et affluents), ainsi qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Des mesures drastiques doivent faire barrage au chancre coloré, une maladie du platane causée par un champignon pathogène, Ceratocystis platani, lequel se propage notamment par les blessures du tronc ou par les racines des arbres. D’autant que, dans ces zones d’enrayement, l’éradication du champignon est jugée impossible.
Zones infectées et zones tampons
Départements où se trouvent des communes situées en zone infectée (en rouge) ou en zone tampon seule (en orange), selon la réglementation européenne relative au chancre coloré du platane. Infographie Forestopic.
Les Pyrénées-Atlantiques comptent six communes en zone tampon, contre une seule dans les Alpes-de-Haute-Provence, trois en Ardèche, cinq dans la Drôme et moins d’une vingtaine dans le Gard.
Enregistrement et formation des professionnels
L’arrêté du 31 janvier abroge les règles jusque-là en vigueur en France. Mais, il en reprend les grands principes. Il précise le zonage en fonction des foyers infectés, en tenant compte de la « stratégie d’enrayement ».
De nouvelles obligations se font jour. Les marchés et les contrats passés avec les entreprises de travaux intègrent désormais des mesures visant à prévenir toute dissémination du chancre coloré. Notamment, les interventions sur des platanes, ou à proximité, et susceptibles de blesser les arbres, s’accompagnent ainsi du nettoyage et de la désinfection des outils et des engins.
Autre nouveauté, en zone infestée, les opérateurs intervenant pour stopper le chancre coloré doivent être inscrits au registre des professionnels de la lutte contre les organismes nuisibles et les maladies des végétaux, et être reconnus aptes par le préfet de région. Ils doivent avoir suivi une formation agréée et déclarer de tels travaux auprès de la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) concernée.
Des dispositions sont précisées, concernant les élagueurs de platane et tout professionnel qui « met en circulation du bois et des écorces de platane destinés aux opérateurs professionnels y compris les déchetteries ». Ils doivent, eux aussi, être enregistrés, et recourir au passeport phytosanitaire.
Par ailleurs, l’arrêté prévoit une dérogation pour permettre que soit réalisée, « à proximité directe des points d’eau », la dévitalisation des pieds et souches de platanes, au moyen d’un traitement phytopharmaceutique, utilisé contre le chancre coloré.
Des clones de platanes résistants ?
Tout cela, pour quelles perspectives ? Dans un avis révisé publié en avril 2024, l’Anses* constate que « l’avènement de méthodes curatives permettant de guérir les arbres ne saurait être envisagé dans le court terme et qu’à l’heure actuelle, l’éradication est impossible (sauf pour des foyers isolés et peu étendus) et que l’enrayement de la maladie s’avère également difficile ». Pour le court terme, selon l’agence, le développement de clones résistants peut créer une alternative, face au remplacement des platanes par des essences non hôtes, mais implique de tenir compte des « risques de contournement de résistances » ; un tel recours à la génétique aurait, à son avantage, l’absence d’impact toxicologique ou écotoxicologique.
C. C./Forestopic
* Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire.