Les dirigeants réunis à Glasgow pour la COP26 font de la restauration des forêts et de la lutte contre la déforestation, notamment la déforestation importée, un enjeu global en vue du respect des engagements climatiques.
La diplomatie forestière revient sur le devant de la scène à la COP26, conférence des Nations unies sur le climat qui se tient du 31 octobre au 12 novembre 2021, à Glasgow, dans l’optique de la mise en œuvre de l’accord de Paris et d’un endiguement du réchauffement climatique global.
Le 2 novembre, sur le thème de la forêt et de l’utilisation des terres, « 110 dirigeants se sont rassemblés, représentant plus 85 % des forêts mondiales », s’est félicité Boris Johnson, Premier ministre du Royaume-Uni, pays d’accueil.
Pour l’occasion, plus de 130 pays avaient approuvé, au 4 novembre, la « déclaration de Glasgow », renfermant l’engagement collectif d’« arrêter et faire reculer les pertes de forêt et les dégradations de terres d’ici à 2030 », en misant sur le développement durable et la transformation des zones rurales. Les pays adhérant à ce texte vont du Brésil au Congo-Kinshasa, en passant par la Chine, la Russie, la France et d’autres États européens.
Annonces européennes
À la tribune, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a saisi l’occasion pour rappeler des échéances à venir :
« Nous allons prochainement proposer une réglementation pour lutter contre la déforestation globale dont l’Union européenne est à l’origine. Les marchandises mises sur notre marché ne devraient pas conduire à de la déforestation. »
L’Europe met déjà en œuvre son règlement sur le bois ou RBUE. La nouvelle législation à venir devrait contrôler les importations de bœuf, d’huile de palme, de soja ou encore de cacao et de café, en classifiant le niveau de risque du pays exportateur, rapporte The Guardian.
La Commission européenne entend mobiliser un milliard d’euros sur 5 ans, en vue de soutenir les « pays partenaires » dans la protection, la restauration et la gestion durable des forêts. Sur le total, 25 % de cette manne se destinent à huit pays* du bassin du Congo, renfermant la deuxième plus grande forêt tropicale de la planète. Un montant qui fait partie d’un engagement de 12 milliards de dollars (10,4 milliards d’euros) émis par 12 donateurs dont la France, pour la période 2021-2025, entre autres annonces financières d’acteurs publics ou privés.
Déforestation versus chaînes d’approvisionnement
De plus, à Glasgow, Joe Biden, président des États-Unis d’Amérique, a annoncé un programme international visant à restaurer au moins 200 millions d’hectares supplémentaires de forêts et autres écosystèmes d’ici à 2030.
Cependant, parmi les signataires de la déclaration de Glasgow, l’Indonésie a démenti cet accord deux jours plus tard ; sa ministre de l’Environnement, Siti Nurbaya Bakar, a déclaré que, face à des priorités économiques, « forcer l’Indonésie à atteindre zéro déforestation en 2030 est clairement inapproprié et injuste », selon un article paru dans Le Point.
Dans l’ensemble, la traçabilité ou la certification font partie des priorités identifiées, afin de garantir des chaînes d’approvisionnement agroalimentaire durables – la production agricole est responsable de 80 % de la déforestation tropicale, soulignent les autorités britanniques.
C. C./Forestopic
* Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa, Guinée équatoriale, Gabon, Burundi, Rwanda.