La valse à cinq temps du plan tempête pour la filière forêt-bois

La survenue d’une tempête mobilise aussi bien les ministères et les services de l’État, que les collectivités et les parties prenantes de la filière forêt-bois
La survenue d’une tempête mobilise aussi bien les ministères et les services de l’État, que les collectivités et les parties prenantes de la filière forêt-bois (crédit photo: Jibi)
La valse à cinq temps du plan tempête pour la filière forêt-bois

C’est de la gestion de crise appliquée à la filière forêt-bois. Le plan tempête, nouvellement publié, dresse par le menu toutes les actions à prendre et à coordonner en cas de tempête.

 

Dix-neuf ans après les tempêtes Lothar et Martin, et près de 10 ans après Klaus, la France se dote d’un « plan national de gestion de crise tempête pour la filière forêt-bois ». Le ministère de l’Agriculture l’a publié, fin septembre 2018, comme prévu dans le programme national de la forêt et du bois (PNFB) 2016-2026.

Un plan tempête en cinq étapes

Cette feuille de route s’organise en cinq étapes.

  1. Anticiper la crise

Des mesures sont à mettre en œuvre avant la survenue éventuelle d’une tempête. Des outils permettent de s’informer des risques, comme la carte des vents et la carte de vigilance de Météo-France, ou les cartes régionales de vulnérabilité des peuplements forestiers aux forts vents lorsqu’elles existent.

Une « valise de crise », avec ses « fiches réflexes », est à réaliser par les directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf). Ces documents renseignent sur la conduite à tenir ou sur la composition et les rôles de la cellule forestière de crise (CFC), déclinée à l’échelle nationale et aussi régionale, aux côtés d’organes interministériels. En complément, un guide des mesures d’accompagnement liste les aides possibles pour le cas où le gouvernement lance des dispositifs de soutien.

Le plan tempête annonce la création de nouvelles formations pour les acteurs concernés, dont les bûcherons ou les élus locaux. Le document incite les propriétaires forestiers à s’assurer contre le risque tempête. Des aires de stockage et de tri du bois sont à prévoir.

Par ailleurs, le PNFB indique que la récolte des bois matures et le renouvellement des forêts contribuent à limiter la vulnérabilité des peuplements d’arbres face aux risques naturels, dont les vents violents.

  1. Activer l’organisation de crise

Lorsqu’une tempête advient, les administrations s’organisent. Les cellules de crise entrent en action.

Aux premières heures, le ministère de l’Intérieur et les préfets, voire le Premier ministre, pilotent la gestion de crise. Après la tempête, les services de l’État chargés de la forêt et du bois au ministère de l’Agriculture prennent le relais, de concert avec les acteurs de la filière. Un plan de communication est déployé.

  1. Prendre les premières mesures d’urgence

La première phase de crise a lieu dans les premiers jours de la tempête et les semaines qui suivent.

Les pouvoirs publics établissent leur stratégie. Cette intervention repose sur l’évaluation préalable des dégâts, réalisée par les Draaf et des organismes de cartographie (Icube-Sertit, IGN…) entre autres. Cette estimation peut notamment servir à la définition d’un plan de soutien.

Il s’agit aussi de suivre la progression des travaux forestiers ou de la mobilisation des bois.

Un arrêté interministériel définit le périmètre sinistré, s’il excède 100 000 hectares boisés et que plus de 15 % des forêts y sont détruites à au moins 40 %.

Cette phase comporte le déblaiement d’urgence des routes et accès forestiers principaux, ainsi que des mesures visant la sécurité du public et des professionnels qui interviennent en forêt.

  1. Mobiliser et valoriser les bois

La deuxième phase de crise répond à l’enjeu de mobilisation et de valorisation des bois, durant les premières semaines et les premiers mois.

Cette période post-tempête consiste à rétablir le réseau de pistes forestières secondaires, à récolter le bois de manière rapide afin d’en réduire les pertes, ainsi que des mesures pour faciliter la mobilisation de ces bois de chablis, c’est-à-dire frappés en l’occurrence par le vent (prêts bonifiés, appels à projets, aides au transport du bois ou au stockage…).

Face à l’engorgement prévisible du marché, le plan s’en remet à « diverses mesures contractuelles, organisationnelles relevant de l’initiative interprofessionnelle ».

La vigilance est de mise quant aux risques associés, tels qu’incendies, attaques d’insectes, ou même les risques psychologiques (des groupes de paroles sont préconisés).

  1. Reconstituer les forêts

La première année et les suivantes se consacrent à la reconstitution des forêts, précédée du nettoyage des parcelles. C’est la troisième phase de crise. Les services de l’État (Draaf) en suivent la progression. Là aussi, des aides publiques peuvent se mettre en place.

Le plan tempête invite « à privilégier dans la mesure du possible » la régénération naturelle et le mélange d’essences, sauf conditions particulières, par exemple si les peuplements présents s’avèrent de qualité médiocre. En cas de reboisement par plantation, l’adaptation au climat futur notamment guide le choix des essences.

« Lors de la reconstitution, l’espace laissé libre et l’abondance de végétation peuvent induire un accroissement du gibier », lit-on dans le plan. D’où la nécessaire instauration d’un observatoire des dégâts de gibier dans les territoires.


Au fil de la gestion de crise, diverses étapes font l’objet d’une évaluation. Les Draaf doivent maintenant chapeauter l’adaptation du plan national dans chaque région.

C. C./Forestopic

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