Des protections biodégradables contre les cerfs et les chevreuils en forêt

Manchons en laine de mouton Thorelaine, en démonstration (crédit photo: CC/Forestopic)
Manchons en laine de mouton Thorelaine, en démonstration (crédit photo: CC/Forestopic)
Des protections biodégradables contre les cerfs et les chevreuils en forêt

Des innovations substituent, au plastique, des substances animales ou végétales, en vue de mettre les jeunes arbres à l’abri des dégâts causés par les cervidés.

 

Remplacer le plastique par des matériaux biodégradables pour protéger les jeunes arbres des attaques du cerf ou du chevreuil, c’est le propos de plusieurs innovations présentées à Euroforest 2023, salon forestier qui se tient du 22 au 24 juin à Saint-Bonnet-de-Joux (Bourgogne-Franche-Comté).

Laine de mouton, fibre de coco ou bioplastique, visent ainsi à préserver les futurs peuplements forestiers. Le caractère biodégradable de ces protections fait en principe tomber l’un des inconvénients associés au plastique, soit la nécessité de retirer des forêts le dispositif après usage et de gérer le déchet qui en découle. D’autant qu’il arrive que des protections en plastique s’attardent en forêt, d’après un article publié en 2019 par la plateforme France Télévisions.

Des manchons en laine de mouton

Sotextho, fabricant de non-tissés en fibres naturelles basé dans le Tarn, commercialise, depuis 2022, les manchons en laine de mouton Thorelaine. L’odeur naturelle dégagée par le feutre de laine tient les cervidés à distance. Le manchon se biodégrade après ses trois premières années, tandis que son effet répulsif dure au moins 2 ans, selon l’entreprise.

Sotextho indique qu’une diversité d’organisations se sont procuré du Thorelaine en vue de le tester, dont le Centre national de la propriété forestière (CNPF), l’Office national des forêts (ONF), un centre d’étude technique environnemental et forestier (Cetef), Caisse des Dépôts, la coopérative Alliance Forêts Bois, Merci le peuplier, ainsi que des pépiniéristes, des propriétaires forestiers, des mairies.

Déjà connu, le pouvoir répulsif du mouton se retrouve dans le traitement Trico, à base de graisse de mouton, et qui se pulvérise sur les plants forestiers. La société autrichienne Kwizda Agro a reçu, en 2012, un avis favorable à sa demande d’autorisation de mise sur le marché français, pour la préparation Trico, ensuite lancée en forêt en 2014 – ce produit de biocontrôle étant autorisé en Autriche depuis 2001.

Des tubes en plastique biosourcé et biodégradable

Les tubes du britannique Tubex (groupe Berry), qu’Idelys fait venir sur les marchés français et suisse, existent en polypropylène et aussi, désormais, en amidon de maïs et de canne à sucre polymérisé. Ils visent à protéger les plants de la dent du chevreuil et de la végétation concurrente. De plus, un effet de serre se produit à l’intérieur de la gaine, dotée d’un système de ventilation, en vue de rendre plus rapide la croissance de l’arbre. Le tube en plastique fossile comprend 30 % de matériau recyclé avec, en corollaire, une filière de collecte des vieux tubes qui s’appuie sur le réseau des distributeurs.

La biodégradation du tube en plastique biosourcé a lieu au bout de 5 ans, au contact des micro-organismes du sol, sans écotoxicité, selon Idelys. Un processus qui peut être facilité par l’intervention d’un broyeur, à l’occasion d’une intervention d’entretien des plants forestiers. Mais aujourd’hui, « le bilan carbone du tube recyclé est meilleur que celui du bio », selon Idelys.

Tubes biosourcés Tubex (crédit photo: CC/Forestopic)
Tubes biosourcés Tubex (crédit photo: CC/Forestopic)

Un filet de coco pour les placeaux

Grossiste et revendeur, E2D est de ceux qui testent le Tubex « bio ». Située dans l’Aisne, la société met aussi en avant un filet 100 % végétal, en fibre de coco, importé d’Asie et dédié à l’installation d’enclos de plantation ou de régénération naturelle des forêts. « Nous testons le filet coco depuis 7 ans en forêt de Saint-Gobain et il est encore debout », indique E2D.

Filet en fibre de coco, en démonstration (crédit photo: CC/Forestopic)
Filet en fibre de coco, en démonstration (crédit photo: CC/Forestopic)

Du « bio » plus onéreux

Ces nouveaux équipements restent plus onéreux que ceux conventionnels*.

La gaine Tubex se vend entre 2 et 2,40 euros HT la pièce pour le modèle en polypropylène, contre environ le double pour la version biodégradable.

Le filet de coco se commercialise à 5-6 euros le mètre linéaire, contre 1 euro pour le mètre linéaire de filet en plastique.

La protection Thorelaine coûte 1,30 euro HT pour l’unité de 60 cm de haut et 14 cm de diamètre (parmi plusieurs modèles). 

C. C./Forestopic

* L’inventaire n'est pas exhaustif. Par exemple, il existe des enclos « faits maison », en bois.

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