Un nouvel immeuble en bois s’apprête à accueillir la direction du patrimoine et de l’architecture de la ville de Paris. Sa construction, non dénuée d’innovations, a mobilisé 1 500 m3 de bois.
Un immeuble en bois de sept étages sort de terre à Paris, dans le quartier de la porte d’Ivry. Dressé parmi de hautes tours en béton, en bordure du boulevard périphérique parisien, l’opération « Opalia » se démarque de son paysage environnant.
Le promoteur belge Buelens s’apprête à livrer, fin juin 2017, le bâtiment à la ville de Paris. La mairie y installera sa direction du patrimoine et de l’architecture.
Avec 6 000 m2 en surface de plancher, l’édifice construit par Quartus a représenté un investissement de 18 millions d’euros. Il a mobilisé environ 1 500 m3 de bois, utilisé en bardage et en structure, dont 8 000 m2 de murs, planchers et support de toiture. Les essences marient le douglas, d’origine française, et l’épicéa provenant de Suède ou d’Allemagne.
Avis technique pour construction bois innovante
Côté périphérique, la façade sud renferme des dalles verticales en bois lamellé-croisé (CLT) d’épicéa, contribuant à renforcer l’isolation phonique de l’ensemble. Cette façade, dotée de bardage bois et d’une double peau isolante de verre, a fait l’objet d’une appréciation technique d’expérimentation (ATEX), portée par le charpentier Briand – l’ATEX, délivrée par le CSTB*, consiste en un avis technique sur les dispositifs innovants.
Côté nord, des panneaux en ossature bois prennent le relais. Des poteaux porteurs en bois d’épicéa jalonnent les espaces de bureaux.
Une fine lasure blanche harmonise les couleurs des panneaux de bois massif, visibles à l’intérieur. Et l’entretien ? « Un ponçage suffit », répond Éric Perraudin, d’Art&Build, l’agence d’architectes qui a signé l’immeuble « Opalia ».
À l’entrée, un comptoir en CLT cintré accueille les visiteurs avec ses lignes courbes innovantes.
Alliance bois-métal-béton
D’autres matériaux sont au rendez-vous. Une file centrale de poteaux métalliques optimise l’espace disponible. Une charpente métallique ceinture l’ouvrage, « protégée du feu par le bois », relève Éric Perraudin. Le responsable d’Art&Build poursuit :
« Dès que les forces se compressent, nous optons pour le bois. Dès qu’elles tirent sur la structure, nous choisissons le métal. »
Le béton de l’escalier et de l’ascenseur apportent une stabilité renforcée (contreventement).
Bardage bois garanti 30 ans
L’ouvrage arbore un bardage en douglas. Ce revêtement extérieur en bois, garanti pour 30 ans, a fait l’objet d’un traitement au four autoclave, ce qui lui donne un aspect vieilli.
L’immeuble tertiaire est en bois jusqu’au bout du toit. La toiture combine des lames de bois étanchéifiées et des surfaces amenées à être végétalisées.
Six mois de chantier pour le bois
Six mois de chantier ont suffi pour monter le clos et couvert, soit la structure, la façade, le plancher et la charpente, sous la houlette du groupe Briand, dont le siège social se situe aux Herbiers (Vendée).
Le charpentier Briand, doté de deux usines de bois lamellé, a fabriqué les poteaux en lamellé-collé, les murs en ossature bois et ceux en CLT.
Le chantier a fait intervenir le vendéen Piveteaubois pour le bardage, Lignatec (agent commercial en France de l’autrichien KLH) pour les panneaux en CLT, le breton Menbat pour les menuiseries extérieures en bois de moabi.
Quant à Art&Build, l’agence d’architectes s’est fixé l’ambition de « banaliser l’utilisation du bois dans les projets tertiaires ». Elle fait, par ailleurs, partie de l’équipe chargée de réaliser la tour en bois Silva, à Bordeaux.
Chrystelle Carroy/Forestopic
* CSTB : Centre scientifique et technique du bâtiment.