Treize projets d’immeubles en bois viennent d’être dévoilés par ADIVbois. Un nouvel élan à concrétiser pour la filière bois et pour l’emploi dans les territoires.
Construire des tours en bois, dont au moins 50 % proviennent des forêts françaises, c’est l’un des objectifs du concours « Immeubles à vivre bois ». ADIVbois* vient d’en dévoiler 13 premiers lauréats, le 12 septembre 2017 à Bordeaux, en prélude au congrès Woodrise sur les immeubles en bois de moyenne et grande hauteur.
Ces projets vont se lancer à Paris, au Havre, à Angers, Dijon, Saint-Étienne, Grenoble ou Toulouse, souvent dans le cadre de rénovation urbaine et d’objectifs d’excellence environnementale avec des labels tels que le récent E-C+ (« Bâtiments à énergie positive et réduction carbone »).
Marcel Chouraqui, directeur d’ADIVbois, avertit :
« La part de 50 % de bois français, qui est inscrite au cahier des charges d’ADIVbois, ne sera mesurée qu’à la fin des travaux. »
8 villes accueillent 13 projets
Cliquer sur les points bleus pour visualiser les détails. La localisation des projets sur la carte indique le quartier d’implantation ou, à défaut, la ville (et non l’adresse exacte).
De l’enveloppe architecturale à l’agencement intérieur
Il ne s’agit pas seulement d’édifier les enveloppes architecturales et la structure des bâtiments, mais aussi d’en prévoir l’agencement intérieur. À Saint-Étienne, ville de la Cité du design, des réflexions visent à intégrer du mobilier en sapin blanc avec l’agenceur La Fabrique. Ceci alors que trois scieurs se lancent dans la valorisation de cette essence, sur la base d’un nouveau procédé.
Le projet « Capable » de Saint-Herblain prévoit des cloisons modulables, faites de caissons en multiplis de peuplier.
« Le bois peut apaiser le regard »
Le bois fait l’objet d’un intérêt nouveau pour certaines des collectivités accueillant ces sites. En témoigne Florent Saint-Martin, adjoint au maire du Havre, en charge de l’urbanisme :
« Nous sommes une ville qui a été reconstruite, après avoir été détruite à 90 %. Notre ADN, c’est le béton. Aujourd’hui, dans une démarche qui doit résonner avec ce qui est doux dans l’espace public, nous pensons que le bois peut apaiser le regard. »
Quant à la capitale, la municipalité exprime son engouement dans un récent communiqué :
« La ville de Paris souhaite développer massivement la construction d’immeubles en bois, particulièrement adaptée au contexte dense des métropoles et à leur exigence écologique. »
La plupart des projets lauréats se trouvent dans des agglomérations d’envergure. Saint-Herblain fait exception avec ses 45 000 habitants, à l’ouest de Nantes. Cette ville moyenne compte deux des sites sélectionnés sur son territoire.
Designers, majors du BTP, forestiers…
L’initiative se nourrit d’« un mélange des genres parfois détonnant », relève Frank Mathis, chef d’entreprise et président d’ADIVbois. Au sein des groupes de travail de l’association, peuvent se rencontrer « un designer avec un industriel, un major du BTP avec des forestiers », illustre Frank Mathis.
Parmi les équipes élues, les grands groupes, dont Arbonis (groupe Vinci), Eiffage Immobilier ou Bouygues, côtoient des spécialistes du bois de taille plus modeste, tels que Maître Cube, OBM, Mathis, Piveteaubois, Techniwood, ECSB, aux côtés des architectes (Graam, AAVP, Alter Smith, R2K, Goa…), des collectivités, des sociétés d’ingénierie (Egis, Cardonnel…) ou des promoteurs immobiliers (REI, Icade…).
Les futurs bâtiments intègrent des systèmes à poteaux-poutres, des panneaux en bois lamellé-croisé (CLT). « Balcons en forêt », à Saint-Herblain, propose une structure évolutive en caissons en bois de grande portée.
Dans l’ensemble, le nombre de niveaux va de R+6 à R+17. À cette aune, c’est REI qui remporte la palme, avec un projet à Paris sur 17 niveaux, qui se décompose toutefois comme suit : « 14 niveaux en bois depuis la placette publique et un socle en rez-de-chaussée qui comptera trois niveaux, permettant de relier progressivement le niveau bas de la parcelle, côté Seine jusqu’au niveau haut du site, côté placette », nous précise le promoteur.
« Rendre ces projets économiquement viables »
Ces ouvrages auront à faire leurs preuves, notamment en termes de coût. Selon Frank Mathis :
« Si l’on prend en compte le coût global, y compris la déconstruction, on s’aperçoit que l’immeuble en bois est une bonne réponse. »
Les projets doivent maintenant se matérialiser et sortir de terre. Dominique Weber, vice-président d’ADIVbois, président de France Bois Industries Entreprises (FBIE) et de l’Union de l’industrie française de l’ameublement (Unifa), compte « évangéliser » ses troupes :
« Au sein de FBIE, nous allons lancer un projet sur le cadre de vie, afin de permettre aux entreprises de travailler en groupements, de rendre ces projets économiquement viables et ne pas manquer les emplois à créer dans les territoires. »
Au total, le concours « Immeubles à vivre bois » doit donner lieu à 24 bâtiments démonstrateurs, sous l’égide d’ADIVbois et du Plan urbanisme construction architecture (Puca). La sélection des 11 autres sites doit encore être finalisée. En comptant les projets déjà lancés par ailleurs et qui s’associent à ce programme, 36 immeubles en bois au total doivent voir le jour à travers la France métropolitaine.
Chrystelle Carroy/Forestopic
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* ADIVbois : Association pour le développement des immeubles à vivre bois.
Mis à jour le 18 septembre 2017