Les scieries françaises gagnent en compétitivité. Mais, la consommation de sciages bruts accuse une baisse marquée depuis plusieurs années.
Les scieries françaises gagnent en compétitivité. En suivant le marché des sciages sur 15 ans, c’est l’une des conclusions à laquelle parvient une récente étude du consultant Serge Lochu, réalisée pour l’association professionnelle Le Commerce du bois et pour la Fédération nationale du bois (FNB), avec un soutien financier de France Bois Forêt.
Et pourtant, la consommation* de sciages bruts accuse une baisse de 28 % en 15 ans. Elle s’est élevée à 8,9 millions de m3 en 2015, dont 85 % de résineux. Ce décrochage se fait surtout sentir depuis 2010, et touche en particulier les entreprises actives dans le secteur de la construction.
La tendance paraît encore plus marquée dans les statistiques du ministère de l’Environnement (SOES) sur la consommation intérieure apparente de matières (DMC*). De 2010 à 2013, la consommation de bois et produits dérivés est passée de 35,5 à 23,4 millions de tonnes , soit une dégringolade de 34 %. Dans le même temps, une diminution de 11 % marque la consommation globale de matières – minerais, gaz naturel, biomasse, etc.
Une embellie début 2016
Depuis début 2016, la conjoncture semble reprendre des couleurs. Pour l’activité exploitation-scierie à dominante résineux, le baromètre de France Bois Forêt fait état d’un chiffre d’affaires en croissance (+ 2,5 %) durant le premier trimestre 2016, comparé à la même période en 2015. Cette embellie intervient après « deux années de baisses ininterrompues ».
Exportations en hausse
La compétitivité qui côtoie une consommation en berne ? Le commerce extérieur explique en partie ce paradoxe. Les importations fléchissent, de 35 % entre 2010 et 2015. Elles s’établissent à près de 2,4 millions de m3 en 2015, avec, là aussi, des résineux pour l’essentiel. À l’inverse, les exportations tendent à croître sur la période (+ 37 %), pour dépasser 1,3 million de m3 en 2015, dont 60 % de résineux.
La production connaît, grosso modo, une érosion de 1,5 % par an depuis 2001. Elle représente 7,8 millions de m3 en 2015, dont 80 % de résineux.
Selon l’étude :
« Ce découplage entre consommation et production révèle une amélioration sensible de la compétitivité des scieries françaises depuis 5 ans. »
Autrement dit, les scieries françaises gagnent du terrain, en exportant plus et en important moins qu’il y a 5 ans.
Des gains en valeur ajoutée
Le secteur gagne aussi en valeur ajoutée. Les sciages sont à 70 % consommés à l’état brut – ils l’étaient à 90 % en 2000 (sur le total des sciages bruts additionnés aux produits techniques). Ainsi, 30 % de la consommation totale se destine, en 2015, aux produits techniques (bois rabotés, bois collés).
L’étude Serge Lochu met en exergue deux tendances phares :
– de « nouvelles générations de produits rabotés, notamment en usage extérieur » ;
– et l’« émergence de nouveaux produits collés ».
Quelque 1 590 entreprises exerçaient une activité de scierie en 2014, en France métropolitaine, selon les statistiques Agreste. Quelques années plus tôt, en 2010, il se dénombrait près de 2 330 sociétés de sciage et rabotage du bois.
Chrystelle Carroy/Forestopic
* Consommation = production + import – export.
DMC = extraction intérieure utilisée + import – export.