La pose du parquet du nouveau siège social de Veolia, à Aubervilliers, s’est accompagnée d’une opération pilote « Cultivez la forêt ». L’immeuble, appartenant à Icade, invite aussi le bois dans ses plafonds.
Quelque 2 200 collaborateurs de Veolia vont désormais pouvoir fouler 7 000 m2 de parquet en chêne, estampillé « Origine France garantie ». Veolia, multinationale de gestion de l’eau, de l’énergie, des déchets, emménage dans son nouveau siège social à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Sur 45 000 m2, le site accueille 1 800 salariés du groupe et environ 400 sous-traitants permanents. Ils doivent quitter leurs bureaux de Paris, Nanterre ou La Défense, et finaliser leur emménagement au nord de la capitale, d’ici à la mi-novembre 2016.
Une opération pilote « Cultivez la forêt » s’est menée dans le cadre de la réalisation de l’immeuble, propriété d’Icade (groupe Caisse des Dépôts). Isabelle de Polo Domange, présidente d’IDP & Associés, cabinet spécialisé dans les transitions environnementales et sociétales, a coordonné cette initiative. Elle en présente le concept :
« C’est une méthode qui vise à bâtir la ville de demain avec des matériaux biosourcés, et en même temps à renouer le dialogue entre les acteurs urbains et ruraux. Elle permet de favoriser l’intégration du bois de nos régions, tout en formant et en insérant des jeunes sur un métier d’avenir, le bois. »
Approvisionnement auprès d’une cinquantaine de scieries
À Aubervilliers, « Cultivez la forêt » associe la municipalité, le bailleur Icade, le constructeur Bateg (groupe Vinci), Les Parqueteurs de France, la Compagnie française du parquet (CFP), et la régie de quartier Émile Dubois, implantée dans la ville. Les Parqueteurs de France ont posé le parquet avec, pour fournisseur, la CFP.
La Compagnie française du parquet fabrique les revêtements de sol dans son site de production de Myennes (Bourgogne-Franche-Comté). La PME de 70 salariés s’approvisionne auprès d’une cinquantaine de scieries, en pièces taillées sur mesure de bois de chêne de qualité secondaire. Comme le détaille Gérard Pianetti, chargé de l’approvisionnement chez la CFP :
« La matière provient d’un croissant allant du massif Central, de l’Allier, où se trouve la forêt de Tronçais, et jusqu’à Verdun et Alençon. Pour un projet de cette envergure, il peut y avoir une partie venant de forêts de l’Ouest, du Centre, de l’Est. Mais la qualité sera identique, car nos parquets sont certifiés NF. Cela implique un cahier des charges avec des exigences en termes de couleur du bois, de présence d’aubier ou de nœuds. »
Les entreprises partenaires ont signé une charte de valeur, selon IDP, les engageant à utiliser du bois d’origine et de transformation françaises, et certifié PEFC.
Apprentissage et insertion par l’art et l’écologie urbaine
Pour l’installation du parquet, Les Parqueteurs de France a intégré, dans ses équipes et en lien avec la régie de quartier, deux apprentis, ainsi formés à la pose et au ponçage.
Les deux jeunes ont, de plus, suivi un parcours professionnel de six mois, pris en charge par la mairie. Ils ont effectué des travaux de voirie et un itinéraire autour de l’écologie urbaine. Isabelle de Polo Domange relate :
« Nous nous sommes rendus au musée d’Orsay, voir notamment le tableau de Gustave Caillebotte Les raboteurs de parquet. Ceci pour travailler sur la relation entre leur métier et l’art. Nous sommes aussi allés au Sénat ; l’ingénieur en chef du jardin du Luxembourg nous a consacré une journée afin de sensibiliser les jeunes à l’horticulture, et pour qu’ils puissent s’inspirer du savoir-être et du savoir-faire d’un jardinier. »
Plafonds en tilleul et merisier, évocation de la forêt
L’immeuble d’Icade, sur sept étages, intègre aussi du bois par ailleurs. Ainsi, 7 200 m2 de tilleul et 600 m2 de merisier ornent les plafonds du hall d’entrée ou des espaces de restauration. Les architectes de l’agence Dietmar Feichtinger ont opté pour des panneaux en lames de bois massif, fournis par Laudescher, qui dispose d’une usine en Normandie, et posés par PMG, PME basée dans le Val-de-Marne. Les architectes ont voulu placer le végétal au cœur de cette réalisation, avec notamment des surfaces de pleine terre et divers espaces plantés.
Vogt en a conçu le parcours paysager. Un jardin y évoque « l’évolution et la constitution d’un milieu forestier indigène », selon le paysagiste. Dans sa partie est, une boulaie représente la création spontanée et la reconquête des sols, portées par ces arbres pionniers. Dans sa partie ouest, des pins symbolisent un milieu forestier à son stade plus avancé. L’ensemble comprend également un mélange de pins, bouleaux et peupliers, cohabitant avec des végétaux de sous-bois.
Chrystelle Carroy/Forestopic